NOTE "FDE" SUR L'ACTIVITÉ DE L'AÉROPOSTALE AU VÉNÉZUÉLA
L'activité de l'AÉROPOSTALE au Vénézuéla remonte à 1929. C'est à cette époque en effet que l'AÉROPOSTALE, désireuse de prendre pied dans le Nord de l'Amérique du Sud (que l'on espère alors relier par voie aérienne au tronçon principal de la ligne Europe - Amérique du Sud) envoit un représentant pour négocier avec le gouvernement vénézuélien un contrat de transport pour les Postes, les passagers et les messageries. Ce contrat vise la laison aérienne du Vénézuéla vers l'Europe et également des liaisons internes.
Ce contrat qui est signé en Juillet 1929, marque une victoire indiscutable sur la concurrence Nord-Américaine, représentée par deux compagnies qui s'efforcent en vain, depuis longtemps, de mettre la main sur le terrain encore vierge de l'aviation commerciale au Vénézuéla.
Le gouvernement de cette nation, donne ainsi au représentant de l'aviation française, une marque de confiance, d'autant plus précieuse que pour des raisons purement politiques, il s'était jusqu'alors refusé à l'introduction aérienne dans le pays.
La Compagnie commence ses activités le 15 Avril 1930 par l'exploitation hebdomadaire de la ligne Maracaïbo (fiche aérodrome SVMC) - Maracay (fiche aérodrome SVBS) - Ciudad Bolivar (fiche aérodrome SVCB). Ciudad Bolivar est le nouveau nom donné à Angostura.
En Octobre est mis en service le tronçon Ciudad Bolivar (fiche aérodrome SVCB) - Guasipati (fiche aérodrome SVGT) - Tumeremo (fiche aérodrome SVTM) desservant la région des mines d'or de la Guyane vénézuélienne.
En Janvier 1931, le réseau du Vénézuéla est relié à Port of Spain (fiche aérodrome TTPP), capitale de Trinidad. Cet embranchement qui ne produit pas de résultats commerciaux intéressants, est abandonné par la suite.
Tel qu'il est actuellement exploité, la longueur totale du réseau atteint environ 1.300 kilomètres parcourus hebdomadairement dans les deux sens.
La Compagnie a procédé pour l'équipement de ce réseau à différentes installations, notamment à Trinidad et à Tumeremo. Pour les autres escales, ce sont les aérodromes de l'état vénézuélien qui sont utilisés.
Le matériel dont dispose la Compagnie comprend:
- 1 Laté 26 (charge utile 900 kg avec rayon d'action de 800 km) plus spécialement indiqué pour les transports de la Poste et des messageries;
- 3 Laté 28 (charge utile 950 kg avec rayon d'action de 1.000 km) à 8 passagers.
La Compagnie dispose en outre de 4 voitures automobiles, de 4 postes de TSF et d'un important matériel de réparation.
Depuis Avril 1930, l'exploitation s'est poursuivie dans des conditions de régularité absolue et sans aucun accident. C'est sans doute la raison pour laquelle, les résultats obtenus dès le début, ont été des plus encourageants.
Une fraction importante des transports postaux a emprunté presque aussitôt la voie aéropostale. En outre, les passagers pour lesquels la voie aérienne représente sur certains intinéraires, une économie de temps considérable (3 heures pour aller de Caracas à Ciudad Bolivar (Angostura) alors que le voyage par terre ou par mer prend une quinzaine de jours) se sont résolument orientés vers ce nouveau mode de transport. Certains vols ont dû être doublés et la Compagnie a été sollicitée de faire escale dans plusieurs villes de l'intérieur, pour lesquelles les habitants désirent utiliser la rapidité du transport aérien.
Grâce à cet accueil sympathique de la population vénézuélienne, la Compagnie a pu dès le début faire des recettes commerciales intéressantes. Au cours de la première année, les recettes se sont élevées approximativement à 2.500.000 francs pour environ 150.000 kilomètres parcourus.
Ces recettes ont permis de couvrir presque complètement les dépenses directes d'exploitation (amortissements non compris).
Ces résultats ont pu être obtenus en dépit de la concurrence Nord-Américaine qui réussit quelques mois après la signature de notre contrat à pénétrer le pays, en quelque sorte dans notre sillage, suite au changement de certains membres du gouvernement.
Malgré la puissance des moyens dont dispose la "Pan American" - appareils amphibies plus luxueux, plus puissants et d'une capacité de transport supérieure à la nôtre, subventions du gouvernement américain lui permettant de faire les choses plus largement que nous et notament d'effectuer un service bi-hebdomadaire sur toute la côte vénézuélienne, alors que notre service est simplement hebdomadaire), notre Compagnie a réusi à conserver l'avance qu'elle a prise et il semble bien que la confiance et même la préférence du public vénézuélien lui soit acquise.
Il convient cependant de remarquer que la "Pan American" a redoublé d'efforts depuis que les nouvelles difficultés de l'Aéropostale ont été connues au Vénézuéla. Il semble bien que profitant de l'impression fâcheuse causée par ces nouvelles, elle cherche à nous distancer sur la ligne Maracaïbo - Caracas, sur laquelle nous sommes directement en concurrence avec elle (abaissement de ses tarifs, doublement de ses services).
Les résultats acquis par notre Compagnie, s'ils sont dus, dans une certaine mesure, aux conditions géographiques du pays et à la sympathie avec laquelle les Vénézuéliens ont accueilli une entreprise française, doivent cependant être attribués en majeure partie à l'effort des hommes que nous avons envoyés là-bas: Mr Vachet, chargé de l'organisation du réseau, puissamment secondé par l'ingénieur Larcher, a réussi à mettre sur pied, avec des moyens relativement réduits, une organisation qui peut être considérée comme un modèle d'économie.
Mr Vachet a parfaitement compris que l'affaire n'était viable qu'à condition que chacun fournisse son effort maximum. A la multiplicité des employés, il a su préférer et surtout développer, chez chacun de ses collaborateurs, la multiplicité des compétences. C'est ainsi que lui-même, tout en dirigeant l'ensemble du réseau, n'hésite pas à mettre la main à la pâte et à piloter lorsque cela est indispensable, soit pour assurer le courrier, soit pour procéder à un dépannage.
Les pilote eux-mêmes, ne sont nullement cantonnés dans leur fonction de pilotage, et l'on a recours à eux pour des démarches, des opérations d'ordre commercial ou administratif qui dans d'autres compagnies seraient confiées à des spécialistes.
C'est à l'effort de ces homme isolés en terre étrangère, sans contact direct avec les autres éléments d'activité de la Compagnie, disposant souvent de moyens précaires et n'ayant pas le réconfort d'un appui officiel puisque le gouvernement français s'est refusé à subventionner le réseau du Vénézuéla que l'on doit d'avoir créé et réussi à faire vivre cette entreprise française qui représente, pour ainsi dire, l'unique foyer de notre activité dans tour le Nord de l'Amérique du Sud.