11 - BOLIVAR avant 1813 - Prise de Merida (23 Mai 1813) - Organisation de l'armée
BOLIVAR en exil dans ses terres lors de la révolution du 19 Avril 1810, est nommé par la junte suprême colonel des milices régulières d'Aragua, où il était déjà capitaine.
Envoyé à Londres en mission diplomatique, il y rencontre MIRANDA et le ramène au Vénézuéla en Décembre 1810. Membre influent de la Société patriotique.
La déclaration d'indépendance en Juillet 1811 provoque la réaction royaliste au départ de Coro et Maracaïbo; en 1812, le capitaine de frégate MONTEVERDE prend l'offensive, bat MIRANDA, entre à Caracas le 30 Juillet et renverse la première république. Proscriptions.
BOLIVAR réfugié à Carthagène soulève la Nouvelle Grenade et à la tête de 200 hommes, bientôt portées à 600, délivre la Haute Magdalena. Il rétablit les communications entre Carthagène et l'intérieur de la Nouvelle Grenade (Janvier - Février 1813).
Nommé brigadier et commandant des troupes de la province de Pampelune, il part à la reconquête du Vénézuéla.
"Il n'est pas à proprement parler un militaire sorti d'une école spéciale, instruit par des officiers spécialisés dans une technique donnée; c'est quelqu'un d'une intelligence prodigieuse, résolu et ferme de caractère, doté d'une volonté inébranlable, rapide pour concevoir, plein d'initiative, actif, vaillant et audacieux dans l'exécution. Dès le début de son activité sur les champs de bataille, il supplée par ses qualités à son défaut de connaissances professionnelles."
FORCES EN PRÉSENCE
ROYALISTES
8.000 hommes, 1/2 dans les garnisons de l'Ouest; le reste dans celles du centre ou en marche vers l'Est, contre SUCRE.
RÉPUBLICAINS
Groupement de l'Ouest aux ordres de BOLIVAR : 1.200 h (Div RIBAS 300 h; Div CASTILLO 800 h; Cavalerie de BRICENO 100 cav)
Groupement de l'Est sous MARINO: 800 h moitié à Maturin, moitié sur les côtes.
Partant le 10 Mai de San Antonio, BOLIVAR marche droit sur Merida, couvert en avant par CASTILLO et y arrive le 23 Mai.
Il réorganise alors son armée:
Cdt en chef : général de brigade BOLIVAR
Major général : commandant URDANETA
EM : 6 aides de camp et officiers
Intendance - Justice : 2 fonctionnaires
Santé: 2 médecins
Division d'avant-garde
Cel GIRARDOT, Cdt avant-garde et 3e bataillon : 246 h
Lcl URDANETA, Cdt 5e bon : 165 h
Cne D'ELUYAR, Cdt 4e bon : 44 cadres
Major PONCE, Cdt 1/2 escadron Merida : 35 cavaliers
Major CAMPO-ELIAS, Cdt milice Mérida : 70 h
TOTAL : 500 hommes
Division d'arrière-garde
Cel RIBAS, Cdt l'arrière-garde : 300 h
Artillerie (2 pièces) : 23h
TOTAL : 323 h
TOTAL GÉNÉRAL : 823 hommes
En face de lui, 4.500 royalistes, sous les ordres de TIZCAR dont 2.500 hommes environ pouvant être concentrés rapidement.
12 - Prise de Trujillo (14 Juin 1813) - Victoire de Niquitao (2 Juillet 1813)
Le 14 Juin, BOLIVAR entre sans résistance à Trujillo. GIRARDOT arrive le 19 à Carache et met en déroute les 460 hommes de CANAS.
Tandis que TIZCAR, demeurant sur la défensive, se borne à menacer à droite la ligne de communication de BOLIVAR, celui-ci, libre sur son front et sa gauche, décide de couper à Guanare la ligne de communication de son ennemi avec Caracas. Il ramène GIRARDOT à Trujillo, appelle RIBAS à Merida et lui donne l'ordre de marcher sur la colonne royaliste qui le menace sur sa droite. Puis, pendant que RIBAS détruit l'ennemi à Niquitao le 2 Juillet et lui prend 450 hommes et 1 canon, il marche sur Guanare et l'occupe.
La région Barinas - Trujillo - Guanare, ainsi occupée, lui donne de nombreuses recrues; il peut réorganiser son armée en 3 divisions - GIRARDOT, URDANETA, RIBAS - d'un total de 1.300 hommes.
Devant lui environ 3.000 royalistes :
- OBERTO avec 1.000 h. à Barquisimeto;
- GONZALES avec 600 h. dans le Tocuyo;
- IZQUIERDO avec 1.200 h. à San Carlos couvrant Puerto Cabello.
13 - Plan de campagne de Bolivar - Victoire de Tinaquillo (29 Juillet 1813) dans la savane de Tanagues - Prise de Caracas (6 Août 1813)
INTENTION : BOLIVAR veut se concentrer à Araure puis marcher contre IZQUIERDO.
A cet effet, il enverra RIBAS par Tucuma en direction de Barquisimeto avec mission de n'y pas entrer mais de faire par file à droite et de marcher sur Araure où en liaison avec URDANETA, il battra OBERTO.
URDANETA marchera droit de Guanare sur Araure opérant en liaison avec RIBAS.
Enfin GIRARDOT qui est à Trujillo ralliera le QG le plus vite possible.
EXÉCUTION : le 17 Juillet, URDANETA marche sur Araure, l'occupe, le dépasse et pousse jusqu'à Sarare marchant sur les talons d'OBERTO; ce dernier se replie cherchant à couvrir Barquisimeto et réussissant à rejoindre le corps de GONZALEZ.
Le 22 Juillet, RIBAS entré 3 jours plus tôt à Tucuma, rencontre à Las Horcones les troupes réunies d'OBERTO et GONZALEZ (1.500 h); il les met en déroute et les poursuit jusqu'à Cabudare où il les lâche pour occuper Barquisimeto. L'ennemi qui a perdu 400 hommes se replie sur San Felipe.
Décidé à détruire ce qui reste des royalistes et à atteindre la côte, BOLIVAR ordonne la concentration de ses troupes à San Carlos où il les réunit à la fin de Juillet pour les reposer et préparer son dernier bond.
Mais IZQUIERDO à qui des renforts sont annoncés, décide de prendre l'offensive et se porte sur Tinaquillo avec 1.200 fantassins et un peu de cavalerie (29 Juillet). Informé BOLIVAR se met en marche dans la soirée du même jour avec 1.600 hommes (URDANETA et GIRARDOT). Le 31 Juillet, il rencontre l'ennemi devant Tinaquillo dans la savane de Tanagues. Les royalistes se dérobent et battent en retraite; leur formation est si ordonnée que la cavalerie patriote ne peut l'entamer.
BOLIVAR ordonne alors à ses cavaliers de prendre en croupe une centaine de fantassins et de couper la retraite à l'ennemi. Les Espagnols ainsi arrêtés donnent au gros de BOLIVAR le temps d'atteindre leur arrière-garde. Attaqués en tête et en queue, ils se dispersent abandonnant un grand nombre de prisonniers et le corps de leur chef.
BOLIVAR entre à Valencia le 2 Août et le 6 à Caracas d'où il accorde une capitulation honorable aux troupes royalistes de La Guayra. Il constitue un Gouvernement Central Provisoire des Provinces Libérées et assume le commandement suprême de la République.
21 - Mort de Girardot à la bataille de Barbula (30 Septembre 1813) - Perte de Barquisimeto (22 Septembre 1813) - Victoire de Mosquiteros (14 Octobre 1813)
L'ennemi conserve la côte (Maracaïbo, Coro, Puerto Cabello, etc…) où il peut recevoir des renforts. BOLIVAR veut aller les y chercher et pour cela réorganise son armée et lève des impôts.
Le mois d'Août 1813 se passe à assiéger Puerto Cabello; la ville est occupée, l'ennemi ne se maintient plus que dans la citadelle et dans le port. L'arrivée d'une escadre espagnole amenant le régiment de l'île de La Grenade (1.200 h) oblige les patriotes à lever le siège. Poursuivi par MONTEVERDE, BOLIVAR fait tête, attaque et remporte 2 victoires:
- Barbula le 30 Septembre où GIRARDOT est tué;
- Las Trincheras le 3 Octobre.
Il revient assiéger Puerto Cabello.
Entre temps, les troupes patriotes laissées dans la région de Barquisimeto ont été battues à Santa Rosa le 22 Septembre; Barquisimeto et Calabozo vont être perdues.
BOLIVAR y envoie le général URDANETA et le lieutenant-colonel CAMPO-ELIAS. URDANETA avec 700 hommes arrive à Cabudare pour y apprendre la chute de Barquisimeto; il se replie sur Gramalotal où il s'installe définitivement en Octobre.
CAMPO-ELIAS ramassant 1.500 cavaliers, marche avec eux et 1.000 fantassins sur Calabozo. Le 14 Octobre, il rencontre à Mosquiteros les 2.000 cavaliers de BOVES et les disperse dans un sanglant combat au couteau.
22 - Défaite de Barquisimeto (10 Novembre 1813) - Victoire d'Araure (5 Décembre 1813)
Délivré du danger du Sud, BOLIVAR se porte personnellement au secours d'URDANETA. Le 10 Novembre, avec 1.200 fantassins, 350 cavaliers et 2 canons, il rencontre devant Barquisimeto les 3.000 fantassins et 400 cavaliers de CEBALLOS. Vainqueur dans la première partie de la bataille, BOLIVAR est enfoncé par la contre-attaque royaliste et se replie sur San Carlos.
A la fin d'Octobre, une partie de la garnison de Puerto Cabello va jusqu'à menacer Valencia. La victoire de RIBAS à San Joaquim rétablit la situation.
Royalistes et républicains se concentrent maintenant face les uns aux autres fin Novembre.
A San Carlos, BOLIVAR réunit 3.900 fantassins, 900 cavaliers et quelques canons. A Araure, CEBALLOS concentre 3.700 fantassins, 1.500 cavaliers et 10 pièces d'artillerie. Le choc se produit le 5 Décembre à Araure. Victoire complète qui donne à BOLIVAR 900 prisonniers, 1.000 fusils et toute l'artillerie ennemie.
23 - Première défaite de La Puerta (3 Février 1814) - Siège de San Mateo (Mars 1814) - Première victoire de Carabobo (10 Mai 1814) - Deuxième défaite de La Puerta (15 Juin 1814)
Rentré victorieux à Caracas, BOLIVAR se voit menacé au début de 1814 par l'invasion de BOVES qui à la tête d'une nombreuse cavalerie - les llaneros - entre dans la région de Calabozo, marche vers le Nord et, le 3 Février, écrase CAMPO-ELIAS sur un plateau bordé par les gorges de La Puerta où coule le rio Guarico.
Caracas est menacé. RIBAS ramenant tout son monde se porte rapidement sur La Victoria (50 km Sud-Ouest de Caracas). Il y est attaqué le 12 Février par MORALES à qui BOVES blessé à La Puerta a confié 4.000 hommes. Renforcé au cours de la journée par CAMPO-ELIAS qui a marché au canon, RIBAS refoule les royalistes dans la matinée du 13.
L'Ouest retombe vite au pouvoir des royalistes; les habitants des campagnes leur restent fidèles. Harcelés par les guerrillas, URDANETA à qui BOLIVAR demande des renforts pour parer à la menace sur Caracas, décide de se replier vers le Nord. URDANETA arrive à Valencia avec 200 hommes fin Mars.
Ainsi les républicains sont-ils peu à peu refoulés vers la côte et enfermés dans la zone Puerto Cabello - Valencia - San Mateo - Caracas. Il n'y a pas à espérer trouver des ressources nouvelles dans ces régions épuisées. On ne peut que compter sur une aide de MARINO libre à l'Est.
Le 27 Février, BOVES à la tête de 9.500 fantassins et 2.500 cavaliers, se présente devant San Mateo; en face de lui, BOLIVAR avec 1.200 fantassins, 600 cavaliers, 4 canons. Les violentes attaques des royalistes sont infructueuses; dans la soirée du 28, BOVES doit s'arrêter. CAMPO-ELIAS est tué dans le combat. Le siège de la place continue: nouveaux assauts; finalement le 25 Mars, les royalistes pénètrent dans la place; ils en sont chassés par l'explosion du parc à fait sauter le capitaine RICAURTE.
Le 30, BOVES se retire pour se porter au devant de MARINO dont l'approche est signalée.
MARINO décidé à collaborer avec le "Libérateur" a quitté Villa de Aragua le 17 Janvier à la tête de 3.500 hommes partagés en 4 corps: VALDEZ, ARRIOJA, BERMONDEZ, ISAVA. Il rejoint BOLIVAR à la fin de Mars. Chargé de poursuivre CEBALLOS qui s'est replié vers San Carlos, il s'empêtre au siège d'El Pao et s'y fait battre lamentablement.
Le général CAGICAL, capitaine général et gouverneur du Vénézuéla, prend le commandement de l'armée royaliste; le 10 Mai il marche avec 6.000 hommes sur Valencia d'où BOLIVAR sort avec 5.000 soldats à sa rencontre; il s'installe défensivement à Carabobo face à l'Est. Vigoureusement attaqué par BOLIVAR dont URDANETA commande la première ligne, CACIGAL s'enfuit au delà de Tinaquillo abandonnant son artillerie, 8 drapeaux, 500 fusils, son ravitaillement et ses bagages.
Mais BOVES s'est réorganisé dans les plaines, il revient vers le Nord. MARINO à qui BOLIVAR a confié 3.000 hommes qui restent disponibles, se heurte à BOVES devant La Puerta. Rejoint par BOLIVAR, il livre le 15 Juin une bataille où il est écrasé par la cavalerie royaliste très supérieure.
24 - "L'émigration" (Juillet - Août 1814) - BOLIVAR se retire à Cathagène (Septembre 1814) - Perte de Caracas et de la côte (fin 1814)
Rentré à Caracas avec moins de 400 hommes, BOLIVAR doit se replier vers l'Est le 7 Juillet avec ce qui lui reste de troupes et de nombreux civils. Il atteint Barcelone, descend vers le Sud et le 17 Août voit ses dernières troupes dispersées à Aragua de Barcelone.
BOLIVAR battu, ses subordonnés RIBAS et PIAR refusent de reconnaître son autorité. Il s'embarque et se retire à Carthagène.
Les désastres ne s'arrêtent pas pour autant. Peu à peu les villes de la côte sont reprises par les royalistes: RIBAS pris est passé par les armes. URDANETA se replie sur Cucuta. Toute la province de Caracas est occupée. BOVES est tué le 5 Décembre.
25 - Enseignements
Le siège de Puerto Cabello dont la prise était nécessaire aussitôt Caracas conquise, ne fut pas mené avec suffisamment de moyens: peu d'artillerie, pas de bateaux pour assurer le blocus. Des troupes furent même retirées pour faire de la propagande dans les provinces.
Au cours de cette campagne BOLIVAR fait admirer sa vigueur dans la conduite de la bataille, toujours offensive, et son habileté à concentrer ses troupes comme, une fois le succès obtenu, à poursuivre l'ennemi sans rémission. Lorsque les royalistes, soutenus par les masses paysannes, prennent à leur tour l'offensive, il résiste avec une ténacité qui ne s'avoue jamais vaincue.
Puissamment aidé par URDANETA et RIBAS, il est desservi par MARINO dont la timidité et l'impéritie réduisent de beaucoup le secours espéré de l'armée de l'Est.
Du côté royaliste, le nombre appuyé par le peuple, aurait dû triompher. Seul le général CEBALLOS fit preuve d'un vrai talent. BOVES avec ses "llaneros" fanatisés par lui, dut ses triomphes à l'impétuosité de leurs charges et à son implacable rigueur contre les blancs.
III - PREMIÈRE EXPÉDITION DES CAYES (1816) - voir Pétion et Bolivar
31 - BOLIVAR à La Jamaïque (Mai 1815) - Débarquement du corps MORILLO (Mai 1815)
Dès sa rentrée en Nouvelle Grenade (Septembre 1814), BOLIVAR se met à la disposition de son gouvernement qui l'emploie à réduire quelques groupements insurgés. Mais bientôt désapprouvé, il s'embarque pour la Jamaïque en Mai 1815.
Au même moment, arrive une puissante expédition espagnole commandée par le lieutenant-général MORILLO:
- 10.600 combattants,
- 18 vaisseaux de guerre,
- 42 transports.
MORILLO entre à Caracas le 11 Mai 1815, occupe Carthagène le 6 Décembre après un siège de 4 mois et arrive enfin à Santa Fé de Bogota en Mai 1816.
32 - Perte du Vénézuéla et de la Nouvelle-Grenade (Mai 1816)
Le Vénézuéla et la Nouvelle-Grenade sont reconquis par les Espagnols; quelques bandes indépendantes subsistent seules dans la Casanare, dans les plaines à l'Est de Caracas, à Barcelone et sur les rives de l'Orénoque. URDANETA et SANTANDER en Nouvelle Grenade, MONAGAS dans le Vénézuéla Oriental, mènent une guerrilla parfois heureuse.
33 - BOLIVAR à Haïti - Constitution d'un corps expéditionnaire
Passé de la Jamaïque à Haïti, BOLIVAR part le 31 Mars 1816 du village de Les Cayes à la tête d'une expédition de 250 hommes, convoyant 4.000 fusils et leurs munitions ainsi que quelques pièces d'artillerie. Le Hollandais BRION finance l'expédition dont MARINO est major-général; les généraux ou colonels DUCOUDRAY-HOLSTEIN (Français), PIAR (Hollandais), MAC GREGOR (Irlandais) et SOUBLETTE sont les principaux chefs.
Le débarquement a lieu à l'île Margarita le 3 Mai; le 7 Mai, BOLIVAR y est proclamé Chef suprême de la République.
34 - Débarquement de BOLIVAR au Vénézuéla (Mai 1816) - Échec et fuite à Haïti (Août 1816)
Le 25 Mai, BOLIVAR débarque sur le continent à Carupano; puis y laissant MARINO avec quelques cadres et des armes, il se rembarque pour amener à Ocumare (80 km Ouest de Caracas) 700 hommes avec 112 officiers le 1er Juillet 1816.
Battu par MORALES et ses marins s'étant révoltés, il repart seul pour Haïti.
35 - Retraite des Six-Cents (Juillet - Août 1816) - Reconquête de la Côte orientale (Septembre 1816)
Restent sur le continent: MAC GREGOR et SOUBLETTE à Maracay, MARINO sur la côte orientale et PIAR à Maturin.
MAC GREGOR avec SOUBLETTE comme second et 600 hommes, quitte Maracay le 16 Juillet et bat en retraite vers l'Orénoque, en direction du Sud-Est. Le 10 Août, après plusieurs combats, il atteint San Diego de Cabrutica où il arrive le 13 Septembre après avoir écrasé la division espagnole LOPEZ à El Alacran.
Les royalistes (MORALES avec 3.000 hommes) avancent sur Barcelone où MAC GREGOR est rejoint par PIAR tandis que MARINO s'attarde au siège de Cumana. Le 27 Septembre, MAC GREGOR bat MORALES à El Juncal.
41 - Situation fin 1816 - Deuxième débarquement de BOLIVAR au Vénézuéla (1er Janvier 1817)
BOLIVAR réfugié à Haïti dans le village Les Cayes est l'hôte une nouvelle fois de PÉTION président de république. La situation est la suivante sur le continent.
ROYALISTES: INDÉPENDANTS:
- MORILLO marche avec 3.500 h de Nouvelle-Grenade sur l'Apure;
- 3.000 h disponibles dans le centre et l'Ouest;
- 4.000 h dans l'Est avec MORALES et les autres;
- 1.500 h en Guyane avec SERRUTI;
- 1.500 h contre PAEZ dans l'Apure.
TOTAL : 13.500 combattants bien armés et équipés sous un commandement unique.
- PAEZ dans l'Apure avec 1.300 h;
- PIAR en Guyane avec 1.800 h;
- MONAGAS avec 800 cavaliers dans les plaines orientales;
- ARISMENDI avec 400 soldats ou marins à Cumana;
- FREITES en garnison à l'Île Margarita avec 300 h.
TOTAL : 5.400 hommes, sans aucune unité de commandement.
Malgré de nombreux succès partiels (PAEZ, PIAR, ARISMENDI), les dissentiments entre chefs rendent leurs actions tout à fait vaines. Aussi décident-ils d'en appeler à BOLIVAR.
Sur la demande que lui a faite à Port au Prince (Haïti) le docteur ZEA, BOLIVAR, à la tête d'une nouvelle expédition, débarque à Barcelone le 1er Janvier 1817.
BOLIVAR a l'intention de menacer Caracas pour obliger le brigadier DEL REAL, qui commande l'armée MORALES - JIMENEZ, à se replier pour couvrir la place puis pousser vers Aragua et El Chaparro pour y concentrer et armer les groupements patriotes des plaines.
Il réussit en Février à se joindre les 1.500 h de MARINO; mais DEL REAL, loin de reculer, prend l'offensive. Les adversaires restent tête à tête dans la région de Barcelone (Mars 1817). Les royalistes sont maîtres de la mer.
42 - BOLIVAR en Guyane (Avril 1817) et victoire de Mucuritas (23 Janvier 1817)
L'accord avec MARINO n'est pas de longue durée. Aussi, laissant ce chef assurer la direction de la guerre en Orient, BOLIVAR décide d'aller prendre le commandement des troupes opérant en Guyane. Tandis que MARINO laisse prendre Barcelone (7 Avril), il descend au Sud, escorté de 15 officiers et soldats (21 Mars).
Mais MORILLO arrive en Nouvelle Grenade avec 9.000 h et le général LA TORRE. Battu le 23 Janvier par PAEZ à Mucuritas dans un sanglant combat de cavalerie, LA TORRE continue sa marche vers l'Est par les vallées de Apure et de l'Orénoque. BOLIVAR informé dès son arrivée en Guyane que LA TORRE a atteint Angostura, parlemente avec lui tout en concentrant les troupes de PIAR sur la rive gauche du Caroni.
43 - Fuite de LA TORRE - Conquête de la Guyane (Août 1817) - QG de BOLIVAR à Angostura
LA TORRE prend l'offensive, se fait battre le 11 Avril à San Felix oû il perd le 1/3 de ses effectifs; privé de l'appui de la flottille de l'Orénoque détruite par les républicains, sans liaison avec MORILLO, il s'enfuit par mer à La Grenade.
MORILLO sur un ordre venu d'Espagne, décide de reprendre Île Margarita où il débarque le 22 Juillet. Il se heurte à une vigoureuse résistance des républicains. Laissant la conduite des opérations au colonel JIMENEZ, il revient sur le continent et s'établit à Caracas.
BOLIVAR est en ce moment en Guyane où après la fuite de LA TORRE, il établit son QG à Angostura (Juillet 1817).
L'appel des divers chefs à BOLIVAR pour exercer le commandement unique est la marque principale de cette campagne. Grâce à l'énergie et à l'esprit de conciliation du Libérateur et malgré la mauvaise volonté de MARINO, les efforts de tous aboutissent.
La Guyane devient la grande base d'opérations de l'armée espagnole.
51 - Réorganisation de l'armée (fin 1817)
BOLIVAR consacre la fin de l'année 1817 à la réorganisation de son armée. Il crée un Etat-Major Général ainsi que des EM divisionnaires ou de groupes. Le colonel DE SUCRE nommé chef d'EM de la division BERMUDEZ, est particulièrement chargé des négociations avec MARINO.
BERMUDEZ, MONAGAS, ZARAZA, SEDENO et URDANETA se partagent le gouvernement des provinces. PIAR qui s'est révolté est passé par les armes.
Répartition et intention des républicains
PAEZ en Apure avec 1.000 chevaux et 300 fantassins;
ARISMENDI dans l'Île Margarita avec 400 fantassins et quelques bateaux;
BERMUDEZ dans la province de Caracas avec 800 hommes;
MONAGAS dans la province de Barcelone avec 800 soldats;
ZARAZA à San Diego de Cabrutica avec 600 hommes dont une majorité de cavaliers;
ANZOATEGUI, SEDENO et TORRES en Guyane avec respectivement 600, 800 et 1.000 hommes.
Total: 6.200 hommes, 3.000 fusils, des lances et des arcs.
BOLIVAR veut concentrer ses troupes à Calabozo pour de là marcher sur Caracas tandis que PAEZ, par Barinas, se dirigera sur Valencia et se joindra à lui.
Répartition et intention des royalistes
Le général MORILLO (QG à San Carlos puis à Calabozo) dispose de 6 divisions:
- deux (4.000 h) dans les garnisons;
- LA TORRE (1.800 h) couvre le Haut Guarico;
- ALDAMA (1.200 h) entre Calabozo et San Fernando;
- CALZADA (1.500 h) dans la province de Barinas.
TOTAL : 8.500 hommes bien armés et bien organisés.
MORILLO décide d'attaquer à la foi en Apure et dans l'Est, pour empêcher la jonction de BOLIVAR et de PAEZ. A cet effet, il fait renforcer CALZADA par une partie de la division ALDAMA et pousse LA TORRE contre ZARAZA.
La levée en masse (Décembre 1817) et concentration dans l'Apure
La campagne commence par la déroute de ZARAZA à La Hogaza (2 Décembre 1817). BOLIVAR appelle aux armes tous les hommes de 14 à 60 ans.
Décidé à réaliser sa jonction avec PAEZ, il prescrit à celui-ci de rester sur la défensive et remonte en bateau l'Orénoque avec 5.000 soldats dont beaucoup de conscrits. Il atteint Caïcara le 12 Janvier 1818, et à la fin du mois se joint à PAEZ et à ses "llaneros" à Caujeral oû arrivent aussi MONAGAS et TORRES.
Marche sur Caracas (Février 1818)
Le rio Apure est traversé le 6 Février et BOLIVAR marche vers le Nord avec 3.000 fantassins et 1.500 chevaux.
MORILLO, descendu précipitament sur Calabozo en est refoulé le 14 Février et se replie, poursuivi par PAEZ, jusqu'à Villa de Cura (23 Février).
52 - Défaite de Semen (15 Mars 1818)
Laissant PAEZ assiéger San Fernando, BOLIVAR continue sa marche vers le Nord, atteint Maracay et La Victoria. Menacé par une contre-offensive de MORILLO, il se replie au delà de Villa de Cura puis arrivé dans la savane de Semen déclenche la bataille le 15 Mars. Les charges à la baïonette d'URDANETA, et celles à la lance de la cavalerie de VASQUEZ qui combat à pied en raison du terrain, ont raison de l'armée espagnole qui s'enfuit.
Les poursuivants, en désordre, se heurtent à la division CORREA accourue en renfort; ils s'affolent et s'enfuient à leur tour.
L'armée républicaine peut cependant se regrouper et se replier en ordre sur El Rastro où PAEZ la rejoint.
Du côté espagnol, LA TORRE qui a remplacé MORILLO blessé, s'installe défensivement à Ortiz. Il en est délogé le 26 Mars par BOLIVAR et doit se replier sur Villa de Cura.
Retour de BOLIVAR à Angostura (Avril 1818)
Les mois de Mars et Avril sont employés en actions de détail généralement désavantageuses pour les patriotes. Aussi BOLIVAR décide-t-il de revenir à La Guyane pour y réorganiser une nouvelle armée dont les bases seront les troupes de BERMUDEZ et les contingents anglais.
Il laisse PAEZ manoeuvrer défensivement dans l'intérieur.
61 - Succès diplomatiques
Rentré dans son QG d'Angostura, BOLIVAR y recueille les fruits de son action diplomatique. A Londres, il a pu acheter 10.000 fusils avec leur approvisionnement, emprunter 20.000 livres sterling. Les cinq navires de guerre acquis avec cet argent lui assureront la suprématie navale.
Enfin des contingents de volontaires britanniques sont prochainemen attendus.
De leur côté les Etats-Unis font connaître leurs bonnes intentions.
62 - Plan de campagne de BOLIVAR
BOLIVAR pousse activement le recrutement et l'organisation de ses troupes, rétablit la discipline chez ses subordonnés, toujours disposés à lui échapper, et revient à son vieux plan d'une marche directe sur Caracas avec le gros de ses forces, tandis que PAEZ remonterait avec ses "llaneros" par Barinas sur Valencia et Caracas (fin 1818).
Campagne du rio Apure (Janvier - Avril 1818)
MORILLO devance cette offensive prévue et franchit l'Apure le 26 Janvier 1819, marchant contre PAEZ. Après plusieurs combats, MORILLO s'établit à Achaguas, entre l'Apure et l'Arauca, vers le 15 Février.
BOLIVAR, laissant URDANETA mener la campagne dans l'Est marche vers l'Apure et effectue sa jonction avec PAEZ le 16 Mars, sur la rive Sud de l'Arauca. Par une série de manoeuvres, il refoule MORILLO qui s'installe à Calabozo d'où il surveille l'arrivée des renforts anglais.
63 - Décision d'envahir la Nouvelle Grenade
C'est alors que BOLIVAR, reprenant l'initiative, décide d'exécuter le projet qu'il couve depuis l'été précédent, de pénétrer dans la vice-royauté de Santa Fé de Bogota, riche en ressources et désireuse d'indépendance. Déjà, il a nommé le général SANTANDER gouverneur de la province de Casanare et l'a chargé d'y lever des troupes afin d'assurer la gauche de l'armée républicaine et de préparer en même temps la révolution dans les provinces grenadines à l'Est de la rivière Magdalena.
Le 18 Mai, dans son QG de Rincon Hondo, BOLIVAR reçoit les comptes-rendus favorables de SANTANDER qui commande à 2.000 Anglais; le 3 Juin son plan de campagne est établi.
Plan de campagne
Avec le gros de ses troupes il ira se joindre dans la Casanare aux troupes de SANTANDER et marchera sur Santa Fé de Bogota, tandis que PAEZ avec sa cavalerie détournera dans les vallées de Cucuta l'attention des troupes royalistes de la Nouvelle Grenade, tout en surveillant MORILLO et se tenant prêt à marcher sur Caracas si ce général se porte vers l'Est. Dans cette dernière région, BERMUDES couvrira la Guyane, tout en menaçant Calabozo et Caracas.
Ordre de bataille de BOLIVAR
L'armée concentrée à Mantecal le 4 Juin, s'organise ainsi à Tame (17 Juin) après la jonction avec SANTANDER.
CHEF D'ETAT-MAJOR: SOUBLETTE
DIVISION D'AVANT-GARDE (Gal SANTANDER): 2 bataillons et 1 escadron soit 1.200 hommes.
DIVISION D'ARRIÈRE GARDE (Gal ANZOATEGUI): 4 bataillons dont 2 anglais et 2 escadrons soit 2.000 hommes.
Passage des Andes (24 Juin - 7 Juillet 1819)
La première rencontre a lieu à Paipa le 24 Juin; elle est victorieuse. C'est à peu près là que, au sortir des plaines brûlantes, commence le célèbre passage des Andes où les difficultés du terrain et de la température devaient diminuer de 40% les effectifs de BOLIVAR. Le 7 Juillet, celui-ci parvenait à Sogamoso, sur le versant occidental de la montagne n'ayant été que peu gêné par l'ennemi. Il s'arrête et réorganise ses troupes réduites à 2.000 combattants.
Manoeuvre de Tunja
Le général BARREIRO, chef de l'armée royaliste, commande 7.000 bons soldats: 4.000 disponibles dans la province de Tunja, 3.000 dans les garnisons. Ignorant des intentions de son adversaire, il s'installe solidement à Topayo près de Tunja le 10 Juillet.
Comprenant qu'il est impossible de déloger son ennemi, BOLIVAR se replie légèrement, et franchissant le rio Chicamocha, va se mettre en liaison avec les riches provinces de Soccoro et Pampelune.
Du coup, BARREIRO abandonne sa position et se replie pour couvrir Tunja. Le 25, après des marches et des contre-marches, les deux armées se rencontrent à Pantano-de-Vargas dans un combat indécis.
Proclamation de la loi martiale (fin Juillet 1819)
BOLIVAR lève encore quelques hommes et proclame la loi martiale, par laquelle tout homme pouvant charger un fusil doit 15 jours de service; le 1er Août, les deux armées sont de nouveau en présence l'une de l'autre.
64 - Bataille de Boyaca
FORCES EN PRÉSENCE
RÉPUBLICAINS
Division d'avant-garde: SANTANDER
2 bataillons d'infanterie : 800 h.
2 escadrons de vavalerie : 200 h.
Division d'arrière-garde: ANZOATEGUI
4 bataillons d'infanterie : 1.140 h.
3 escadrons de cavalerie : 480 h.
Réserve
2 colonnes : 800 h.
TOTAL: 3.420 h. dont 680 cavaliers
ROYALISTES
1ère Brigade
2 bataillons d'infanterie (Numancia) : 850 hommes
2e Brigade
3 bataillons d'infanterie (2 "El Rey", 1 Chasseur) : 1.520 h.
Cavalerie
2 escadrons de Dragons : 480 h.
Artillerie
3 pièces : 90 h.
TOTAL: 2.940 hommes dont 480 cavaliers
BOLIVAR refoulant lentement l'armée de BARREIRO, entre à Tunja le 5 Août. BARREIRO voit la route de Bogota encore libre et s'y engage. BOLIVAR cherche à lui couper la retraite et l'atteint le 7 au matin en avant du Puente de Boyaca sur le rio Teatinos à 2.800 mètres d'altitude.
Les deux avant-gardes venant l'une du Nord, l'autre du Nord-Est se heurtent en avant du pont, à la Casa de Teja où l'avant-garde espagnole se retranche et fait tête; coupé du gros et débordé par les Républicains (1er de Ligne, Chasseurs), elle se replie, passe le pont et s'installe sur l'autre rive du rio Teatinos.
Laissant SANTANDER border la rive Nord de la rivière, BOLIVAR appuie à droite pour tenir les crêtes dominant le gros des Royalistes qui descend du Nord; il leur barre la route du pont avec les bataillons "Riffle" et "Légion britannique".
BARREIRO remonte alors les pentes vers l'Ouest et y prend position tandis que SANTANDER s'efforce vainement de forcer le passage du pont.
BARREIRO est attaqué dans son mouvement de retraite par le gros de l'armée de BOLIVAR; il est peu à peu débordé puis encerclé. Après une vigoureuse résistance, SANTANDER réussi à passer la rivière à gué et à mettre en fuite l'avant-garde royaliste.
BARREIRO doit capituler avec 1.600 hommes.
Prise de Santa Fé de Bogota (20 Août 1819)
BOLIVAR occupe Santa Fé de Bogota d'où le vice-roi s'est enfui, le 20 Août.
71 - Retour de BOLIVAR en Guyane (fin 1819)
BOLIVAR rentre à Angostura à la fin de 1819. Durant la campagne de Boyaca aucun évènement décisif ne s'est passé dans l'Est. URDANETA a débarqué à Barcelone et enlevé le môle d'assaut; la rebellion de ses soldats anglais l'a obligé à se replier sur Maturin. BERMUDEZ qui cherchait à le rejoindre, était arrivé après son départ et avait dû lui aussi se rabattre sur Maturin (Août 1819).
72 - BOLIVAR président de la Grande Colombie (17 Décembre 1819)
Le 17 Décembre 1819, le Congrès sanctionne la réunion du Vénézuéla et de la Nouvelle Grenade en un seul état dit de Grande Colombie. BOLIVAR est élu Président de la République.
73 - Préparation de la campagne
Il consacre l'hiver à l'organisation du commandement et des troupes. Il envoie ZEA en Europe demander la reconnaissance de la République. Il charge SUCRE d'organiser les transports et les lignes d'étapes, et d'acheter aux Antilles fusils et munitions. Surtout, il lève des troupes, forme des cadres, discipline son armée.
Aux deux extrémités du front, autour de Carthagène et dans la province de Barcelone, ses détachements refoulent les troupes royalistes.
L'été de 1820 trouve BOLIVAR mal préparé à entrer en campagne. PAEZ n'a pu encore recompléter sa cavaleris; d'autre part, MORILLO, malgré des effectifs importants et une avantageuse position centrale, se tient sur la défensive. Il sent le gouvernement espagnols de plus en plus disposé à abandonner ses colonies; les 23.000 hommes que doit lui amener O'DONNELL sont retenus à Cadix par la révolution libérale de RIEGO et QUIROGA.
74 - Ouverture des négociations (Octobre) et armistice (26 Novembre 1820)
Sur les instructions du gouvernement espagnol, MORILLO ouvre des négociations avec les "Indépendants", sur la base de la Constitution de 1812. Mais les autres partis exigent d'entrée de jeu la reconnaissance de la république.
Cependant BOLIVAR accepte une suspension d'armes limitée à l'armée du Nord. Tandis qu'il va discuter avec MORILLO, il pousse la garde de Cucuta en direction de Merida et de Trujillo qui sont occupés après quelques combats au début d'Octobre 1820.
L'accord est signé le 26 Novembre à Santa Anna de Trujillo. C'est un armistice d'une durée de 6 mois; les troupes "indépendantes" sont désormais considérées comme belligérantes.
BOLIVAR consacre alors son attention à la Capitainerie Générale de Quito; il envoie SUCRE prendre le commandement des insurgés. Il traite avec le gouvernement provisoire de Guayaquil en cherchant à obtenir son intégration dans la Grande Colombie.
75 - Reprise des hostilités (28 Avril 1821)
Le 28 Janvier 1821, une révolte locale à Maracaïbo amène BOLIVAR à faire occuper cette place demeurée espagnole. Il refuse de la rendre, et après de vaines négociations avec LA TORRE qui a remplacé MORILLO comme commandant en chef, il est décidé de reprendre les hostilités à compter du 28 Avril.
FORCES EN PRÉSENCE
RÉPUBLICAINS - Effectifs : 10.000 h. QG BOLIVAR : Barinas
Majeure partie de la Garde à Barinas et Trujillo: 3.000 h.
QG URDANETA : Maracaïbo
Eléments de la Garde à Maracaïbo : 1.000 h.
Bataillon de Milice à Maracaïbo : 500 h.
QG PAEZ : Achaguas
Armée de l'Apure : 3.000 h.
QG SOUBLETTE : Barcelone
Armée de l'Est à Barlovento, Cumana, Margarita, plaines à l'Est de Caracas et de Calabozo : 2.500 h.
ROYALISTES - Effectifs : 13.200 h. dans le Vénézuéla central et sur la Côte QG LA TORRE : San Carlos 2.200 h.
Avants-postes à Guanare, Araure et Barquisimeto 2.500 h.
Garnison de Coro 500 h.
Garnison de San Felipe 300 h.
QG MORALES : Calabozo 4.000 h.
Groupe CORREA à Caracas et Barlovento 1.900 h.
Groupe TOVAR à Cumana 600 h.
Garnisons et détachements 1.500 h.
Plan initial de BOLIVAR
Aux premiers jours d'Août 1820, BOLIVAR ordonne la concentration générale à Guanare. URDANETA doit marcher sur Trujillo où il doit se renforcer avec les divisions de SUCRE venues de la Nouvelle Grenade et de celles de LARA et MONTILLA, venues de l'Ouest de Maracaïbo; de là il doit rejoindre Guanare.
PAEZ doit marcher sur Guanare par Barinas.
Enfin BERMUDEZ doit se rendre par l'Orénoque à Calabozo d'où il doit couvrir le rassemblement face à Caracas.
La conclusion de l'armistice du 26 Novembre 1820 empêche la réalisation de ce plan.
Nouveau plan de campagne
BOLIVAR reprend ce plan en Mars 1821; la possession de Miracaïbo et de Trujillo lui permet de fixer le rendez-vous à Mijagual sur le rio Domingo.
Le 23 Mars il ordonne à SOUBLETTE de faire prendre l'offensive entre le 15 et le 20 Mai aux troupes de BERMUDEZ qui marcheront sur Caracas, et de là sur les vallées proches d'Aragua pour attirer sur elles le maximum d'ennemis.
Dans les jours qui suivent, il ordonne:
- à URDANETA de marcher sur Mijagual en passant par Coro qu'il devra enlever;
- à PAEZ de rejoindre la Garde à la fin de Mai en amenant le bétail qui servira au ravitaillement de l'armée;
- à CARILLO enfin de marcher avec la garnison de Trujillo sur Barquisimeto pour rejoindre de là le point de concentration.
Les premiers succès de la campagne permettent bientôt de fixer ce point de concentration à San Carlos.
Plan royaliste
Les royalistes pensaient attaquer BOLIVAR avec le gros de leurs forces en faisant contenir PAEZ par MORALES dans l'Apure. L'offensive républicaine les en empêche.
Prise de San Carlos (4 Juin 1821)
Les opérations commencent le 28 Avril. Dès le milieu de Mai, les colonnes du Sud, en liaison les unes avec les autres, atteignent Tocuyo et Ospino; URDANETA a pris Coro.
Instruit le 25 Mai par une reconnaissance profonde de cavalerie du repli général des royalistes vers San Carlos, BOLIVAR y voit les preuves de BERMUDEZ dans l'Est, et marche vivement en avant. Il entre à San Carlos le 4 Juin, n'ayant eu affaire qu'à de la cavalerie d'arrière-garde. Les royalistes se replient sur Valencia.
Prise et perte de Caracas par BERMUDEZ (Mai - Juin 1821)
BERMUDEZ après quelques violents combats a en effet occupé Caracas dans la soirée du 14 Mai, puis suivant les ordres de BOLIVAR, a continué vers le Sud-Est et battu CORREA à Laguneta le 20 Mai. Une contre-offensive de MORALES accouru de Calabozo, l'oblige le 24 à revenir à Caracas qu'il évacue pour y rentrer le 23 Juin; il doit encore en sortir pour se replier sur Guarenas à 50 km Est où il reçoit la nouvelle de la victoire de Carabobo.
URDANETA parti de Maracaïbo avec environ 2.000 hommes, à la fin d'Avril, a occupé Coro le 11 Mai. Après y avoir organisé le commandement de la province, il rejoint CARILLO à Barquisimeto le 15 Juin; le 19, il se réunit à BOLIVAR à San Carlos.
PAEZ de son côté n'a pu se mettre en marche que le 10 Mai. Il arrive à San Carlos le 7 Juin, amenant 1.000 fantassins, 1.000 cavaliers, 2.000 chevaux de remonte et 4.000 têtes de bétail.
Concentration de l'armée de BOLIVAR à San Carlos (19 Juin 1821)
Trop faible pour agir avant la fin de sa concentration et redoutant une attaque des royalistes, BOLIVAR offre le 7 Juin à LA TORRE d'ouvrir des négociations. Celles-ci, qui n'ont d'autre but que de permettre de gagner du temps, se rompent d'elles-mêmes, lorsque le 19 Juin les deux armées ont achevé de se réunir l'une en face de l'autre, républicains à San Carlos, royalistes à Carabobo.
76 - Bataille de Carabobo
FORCES EN PRÉSENCE
RÉPUBLICAINS
Cdt en chef : Simon BOLIVAR "Le Libérateur"
Chef d'EM : général MARINO
EMG : 20 officiers
1ère Division
Cdt : général PAEZ
EM : 10 officiers
2 bataillons d'infanterie : 1.000 h.
6 régiments de cavalerie : 1.500 h.
2e Division
Cdt : général SEDENO
EM : quelques officiers
3 bataillons d'infanterie : 1.400 h.
1 escadron de cavalerie : 200 h.
3e Division
Cdt : colonel PLAZA
EM : quelques officiers
4 bataillons d'infanterie : 1.600 h.
1 régiment et 2 escadrons de cavalerie : 600 h.
TOTAL : 4.000 fantassins, 2.300 cavaliers
ROYALISTES
Cdt en chef : maréchal de camp DE LA TORRE
Cdt en second : général MORALES
Chef d'EM : colonel MONTENEGRO
EM : 4 officiers
Infanterie
5 bataillons : 3.500 h
Cavalerie
3 régiments : 1.200 h
4 escadrons : 300 h
Artillerie
1 section de 2 pièces
TOTAL : 3.500 fantassins, 1.500 cavaliers
Description de la bataille
L'armée patriote, marchant en bataille, part de San Carlos le 20 Juin et se dirige vers le Nord-Est. Le 24, aux premières heures du matin, elle occupe les positions de Naipe et des Dos Hermanas d'où elle domine la savane de Carabobo et peut voir tous les mouvements de l'adversaire.
Le terrain où va se dérouler la bataille est une haute plaine ondulée de 4 km de long d'Est en Ouest, sur 3 km du Nord au Sud. Une zone plus élevée, très ravinée, parsemée de petits mamelons, découpée en deux grands compartiments successifs par les rios Naipe et Carabobo dont les escarpements sont accessibles à la cavalerie comme à l'infanterie, précède la savane dont elle forme le rebord supérieur à l'Ouest et au Sud.
Une épaisse végétation d'arbustes couvre le tout.
La route de San Carlos à Valencia traverse la plaine que ne sillonnent que de rares sentiers.
Prise de contact
Au moment où les républicains découvrent la plaine, ils voient le bataillon royaliste "Valencey", avec les 2 pièces d'artillerie, en position en avant du ravin de Carabobo, défendant le passage de la route. Le bataillon"Hostalrich" est en marche pour le soutenir; deux autres, "Barbastro" et "Infante", le flanquent à l'Est. Derrière, à la bifurcation des routes de Valencia et d'El Pao, le général et sa réserve, le bataillon "Burgos".
Deux régiments de cavalerie couvrent le Sud-Est de la savane. Les escadrons de MORALES, éloignés d'une douzaine de kilomètres, n'apparaîtront qu'à la fin du combat.
Décision de Bolivar
BOLIVAR qui marche à l'avant-garde, fait faire vers 8 heures une reconnaissance par le feu; les positions de l'ennemi ainsi bien définies, il renonce à les attaquer de front, et décide de les déborder par la gauche, tout en les faisant fixer par la division PLAZA.
Mouvement débordant de PAEZ
PAEZ en tête et SEDENO derrière lui, s'engagent vers 9 heures dans un terrain boueux et boisé; ils tombent bientôt sous le feu de l'artillerie royaliste et continuent leur marche en colonne par un. Puis, bien défilées, les deux divisions, manoeuvrant toujours par les hauts du terrain, viennent se heurter vers 11 heures au bataillon "Burgos"; LA TORRE, qui a vu le mouvement des républicains, est en train d'appeler à l'aide "Barbastro" et "Hostalrich".
Le combat d'infanterie
Le bataillon des chasseurs britanniques refoule "Burgos" puis est arrêté par l'entrée en ligne de "Barbastro" tandis que PAEZ cherche à déborder l'ennemi par la gauche avec ses "llaneros".
De l'éminence oû il se trouve, à 250 mètres de la ligne de feu, BOLIVAR presse le mouvement de la cavalerie de PAEZ. Celui-ci fait charger son infanterie à la baïnnette. Le troisième assaut refoule l'ennemi. mais ce dernier, que vient de renforcer "Hostalrich" tient de nouveau en échec l'attaque des patriotes.
Arrivée de la cavalerie de PAEZ
LA TORRE appelle à lui sa cavalerie. Mais les escadrons de PAEZ débouchent et la mettent en fuite, tandis que, attaqués de front par l'infanterie républicaine, et de dos par la cavalerie, "Burgos" et "Hostalrich" se débandent.
Belle retraite de Valencey - Défaite des royalistes
"Barbastro" encerclé dépose les armes au bout de quelques temps. La lutte a duré 45 minutes. Durant ce temps, "Valencey" a lentement battu en retraite par la route devant la division PLAZA. Attaqué de flanc par SEDENO, il forme le carré, et voit venir à son aide le bataillon "Infante", éloigné jusque là de la bataille.
PLAZA détache deux bataillons pour arrêter "Infante" et est tué au combat. "Infante" se rend. "Valencey" continue sa retraite, repoussant aidé d'un escadron les assauts de toute l'armée républicaine. Il réussit à se dérober.
La cavalerie royaliste s'est échappée vers El Pao. LA TORRE réussit à s'enfermer dans Puerto Cabello.
BOLIVAR se souvenant de Semen se préoccupe de remettre de l'ordre dans ses troupes. SEDENO a été tué tout à la fin de la bataille.
Prise de Caracas - Libération définitive du Vénézuéla (29 Juin 1821)
La poursuite, gênée par les pluies, est sans résultat. BOLIVAR, accompagné de PAEZ nommé général d'armée sur le champ de bataille, entre à Valencia le 24 Juin et à Caracas le 29 Juin.
Le Vénézuéla est définitivement reconquis.