NOTICE "FDE" SUR SIMON BOLIVAR
Schémas cartographiques "Amérique du Sud", "Côte ferme" et "Mer des Caraïbes"

 

I - JEUNESSE ET FORMATION DE BOLIVAR (1783 - 1804)

Simon de Bolivar naît à Caracas le 24 Juillet 1783 d'une famille issue de la noblesse du pays basque espagnol et fixée au Vénézuéla depuis le temps de la conquête. Son père, colonel des milices de la province d'Aragua, meurt en 1789. L'enfant est confié à son oncle, le marquis de Palacios qui le fait élever à la campagne par un précepteur épris des doctrines de "L'Émile" et qui les applique sur lui.
A 17 ans son oncle l'emmène compléter en Espagne une éducation excellente et une instruction rudimentaire. Il fait aussi à Paris un séjour de quelques mois, durant lequel il suit les cours de l'École Normale et de l'École Polytechnique. Revenu en Espagne, il y épouse une jeune fille de l'aristocratie qu'il perd après quelques mois de mariage, dès son retour au Vénézuéla en 1801. Cette perte marque profondément la vie du futur "Libérateur".
Désespéré, il repart pour l'Europe et cherche à s'y étourdir dans les voyages et la fête. Il séjourne à Paris, en Hollande, en Allemagne, et en Italie, fréquentant les milieux politiques, littéraires et mondains. A Rome, sur le Mont Sacré, il a la révélation soudaine de son avenir, et fait théâtralement le serment de délivrer l'Amérique du Sud.
Après quelques mois passés aux Etats-Unis, il rentre à Caracas en 1804. Il y apporte les doctrines françaises et américaines d'émancipation et par son affiliation à la "loge américaine" de Miranda, le moyen de les mettre en oeuvre.

 

II - BOLIVAR ET LA 1ère RÉPUBLIQUE VÉNÉZUÉLIENNE (1810 - 1812)

Sa maison est au Vénézuéla un des centres de conspirations libérales. Il est au premier rang des protagonistes de la révolution caraquenaise du 19 Avril 1810; c'est lui qui est choisi par le Congrès pour aller en Angleterre demander pour le jeune État l'appui de l'antique ennemie de l'Espagne.
Il revient en Décembre 1810, n'ayant obtenu que la neutralité, mais ramenant avec lui le général Miranda.
Il sert sous ce chef au cours de la première campagne de l'Indépendance. Après la capitulation de Miranda, il est à la tête des conjurés qui arrêtent à La Guaira le vieux général. Mais il doit lui-même prendre la fuite et se réfugier à Carthagène, en Nouvelle-Grenade (Août 1812).
C'est de là qu'il va partir à la conquête de l'Indépendance.

 

III - LE LIBÉRATEUR (1813)

En Mai 1813, Bolivar quitte avec quelques centaines d'hommes, que lui a confiés le Congrès grenadin, la région de la haute Magdalena, et marche droit sur Caraquas. Il y entre le 6 Août, après une campagne de moins de trois mois, ayant écrasé les troupes royalistes dans une série de victoires (Niquitao, 2 Juillet; Las Horcones, 22 Juillet; et surtout Tanagues, 29 Juillet). C'est au cours de cette campagne que, devant les cruautés des soldats royalistes, Bolivar proclame les représailles par le décret de Trujillo:

"Espagnols et Canariens, même innocents, comptez sur la mort ! Américains, même coupables, comptez sur la vie !"

Entré à Caracas sur un char traîné par douze jeunes filles, Bolivar y est proclamé "Libérateur", titre qu'il portera désormais officiellement, et assume les pouvoirs dictatoriaux."

 

IV - LA GUERRE A MORT (1814 - 1819)

Pendant cinq ans, républicains et royalistes vont se faire une guerre acharnée, véritable guerre civile où le sang vénézuélien coule de chaque côté. Aucun quartier n'est accordé; dans les villes où l'on rentre, l'exécution immédiate du quart de la population, sans distinction d'âge ni de sexe, est la règle. Les métis des plaines de l'Orénoque - les "llaneros" - fournissent aux royalistes une cavalerie féroce et toujours victorieuse. Lorsque leur chef, l'asturien Boves, est tué, et que le général Morillo veut leur donner quelque discipline, ils passent aux républicains, et sous les ordres de Paez, poursuivent sous un autre drapeau leurs magnifiques et sanglants exploits.
1814 est pour les républicains une année d'échecs. Les royalistes remettent tout le Vénézuéla dans l'obéissance, et Bolivar, vaincu à La Puerta (15 Juin) et à Aragua de Barcelona (17 Août), doit se réfugier à La Jamaïque puis à Haïti. Déjà la discorde se met parmi ses subordonnés.
1816 voit Bolivar quitter Haïti avec une petite expédition que commandite le Hollandais Brion, et débarquer au Vénézuéla. Il échoue dans sa tentative et doit regagner son île. Cependant, les insurgés vénézuéliens réussissent à conquérir la côte orientale de leur pays.
En 1817, Bolivar quitte de nouveau Haïti, s'installe à Angostura sur le Bas-Orénoque, et parvient à constituer dans cette région une petite armée. Il la discipline, réprime les soulèvements de certains chefs - Piar, notamment est exécuté - et en 1818 repart à la conquête du Vénézuéla central. Sur le point d'entrer à Caracas, il est battu à Semen (15 Mars) par le général espagnol Morillo et revient à Angostura.

 

V - LIBÉRATION DÉFINITIVE DE LA NOUVELLE-GRENADE ET DU VÉNÉZUÉLA (1819 - 1821)

Le 15 Février 1819, Bolivar offre sa démission de dictateur au Congrès qu'il a convoqué à Angostura. Ses pouvoirs confirmés, il décide de porter la guerre en Nouvelle-Grenade. Les Andes franchies, en pleine saison des pluies, au cours d'une marche célèbre, il bat et capture à Puente de Boyaca (7 Août) l'armée espagnole de Nouvelle-Grenade, et entre le 20 Août à Santa Fé de Bogota, d'où le vice-roi Semeno s'est enfui précipitamment.
Proclamé Libérateur de la Nouvelle-Grenade, il rentre à Angostura à la fin de 1819. Durant cette expédition, Paez avec sa cavalerie de "llaneros", a tenu la campagne du Vénézuéla.
Le 17 Décembre 1819, la Nouvelle-Grenade et le Vénézuéla sont fondus en un seul état dit de Grande-Colombie, et Bolivar est nommé Président de la République.
Reste à conquérir le Vénézuéla. Ce sera l'objet de la campagne de 1821, précédée d'un armistice de quelques mois (26 Novembre 1820 - 28 Avril 1821), qui reconnaît enfin aux républicains la qualité de belligérants. La victoire de Carabobo (24 Juin) décide définitivement du sort du Vénézuéla. Bolivar entre à Caracas le 29 Juin et y accorde une capitulation honorable au général espagnol La Torre qui quitte le pays avec ses troupes.
Bolivar se rend alors devant le Congrès de Colombie réuni à Rosario de Cucuta (Sud de Cucuta) et renouvèle son offre de démission des pouvoirs dictatoriaux; ceux-ci lui sont confirmés.

 

VI - LIBÉRATION DE L'ÉQUATEUR ET DU PÉROU (1821 - 1824) - CRÉATION DE LA BOLIVIE (1825)

En Septembre 1821, Bolivar conduit ses troupes dans la Présidence de Quito où Sucre l'a précédé. Il écrase à Bombona l'armée royaliste dont une autre partie est vers le même moment battue par Sucre à Pinchicha. Quito est occupé; les troupes royalistes capitulent et quittent le pays. Les provinces libérées, qui formeront plus tard la République de l'Equateur, sont incorporées à la Colombie.
Bolivar se dirige maintenant vers le Pérou (1823). Après avoir pacifié la province de Pasto où son lieutenant Florès a été battu par les insurgés, il quitte Guayaquil le 23 Août et entre à Lima le 1er Septembre.
Avant de se mesurer à la forte armée espagnole - près de 24.000 hommes - qui occupe le Pérou, Bolivar doit d'abord apaiser les dissenssions qui ravagent le camp des indépendants. Tombé gravement malade, il parvient à rétablir l'ordre, et là aussi reçoit du Congrès les pouvoirs dictatoriaux.
L'été 1824 voit la chute du Callao. Le 6 Août suivant, Bolivar remporte sur le général espagnol Canterac la victoire de Junin, que Sucre complète quelques mois plus tard le 9 Décembre à Ayacucho. Le vice-roi du Pérou, La Serna, 16 généraux, 16 colonels, 552 officiers et plusieurs milliers d'hommes doivent se rendre aux républicains.
Le 11 Janvier 1826, la dernière place espagnole du Callao se rend. La libération de l'Amérique du Sud est désormais un fait accompli.

 

VII - LUTTES INTESTINES - DÉMISSION ET MORT DE BOLIVAR (1826 - 1830)

Le 25 Mai 1826, Bolivar présente au Congrès de Lima son "Code bolivien" qu'il désire voir adopter par les jeunes républiques. Il veut réunir en un seul état, "les Etats-Unis de l'Amérique du Sud":
- la Colombie (qui inclue déjà le Vénézuéla),
- le Pérou,
- la Bolivie,
- La Plata et le Chili.
Mais au Congrès qu'il rassemble à cet effet à Panama (22 Juin 1826), on l'accuse d'aspirer à l'Empire, et le Congrès n'aboutit pas.
En même temps, la Colombie s'agite. Paez y réclame l'autonomie du Vénézuéla; autour de lui se groupent les anciens royalistes, maintenant citoyens du nouvel état. Bolivar se proclame dictateur, convoque à Ocana (Août 1828) un Congrès qui doit se prononcer sur l'oportunité de réformer la constitution. L'assemblée se sépare sans avoir rien décidé. Bolivar parcourt le pays; dans les assemblées populaires à Bogota, Caracas, Carthagène il proteste vivement contre cette carence.
Sur ces entrefaites, le Pérou rejette le "Code bolivien" et retire à Bolivar la présidence à vie qu'il lui avait solennellement confiée deux ans plus tôt.
Le Pérou et la Bolivie lui échappent. A Bogota où il réside comme chef suprême de la Colombie il est, le 25 Septembre 1828, l'objet d'une tentative d'assassinat. Appuyé sur le peuple il fait arrêter et bannir les conjurés à la tête desquels est le vice-président Santander, son ancien lieutenant de la campagne de 1819.
En 1829, Paez soulève le Vénézuéla qui fait sécession le 25 Novembre. C'est le triomphe des anciens partis royalistes; les ralliés se sont emparés de la république.
Affaibli, déchu de son influence, il réunit à Bogota, en Janvier 1830, un Congrès constitutionnel, auquel il offre sa démission qui est repoussée. Il marche alors contre Paez, le trouve fortement retranché près de Maracaïbo et n'ose l'attaquer. Il démissionne alors le 27 Avril et le Congrès élit son successeur huit jours plus tard.
Bolivar se retire alors à Carthagène. Ses grandes propriétés ayant été ruinées au cours des guerres, il meurt dans la pauvreté à Santa Marta le 17 Décembre 1830 en répétant: "De l'union ! de l'union !".
Ses cendres reposent au Panthéon vénézuélien à Caracas où elles ont été transportées en 1832.

 

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