1917 - Attaque le 13 Avril par IIIe Armée (GAN) vers St Quentin avant offensive du 26 Avril par VIe Armée (GAR) sur le Chemin des Dames
Extraits des Mémoires de Franchet d'Espèrey
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Mis à jour le 26/08/2023
Secteur Ie armée
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7 Janvier - A Beauvais, je vais voir Nivelle qui est toujours fort aimable. Il est bien installé dans un petit hôtel; par contre, le G.Q.G. est assez mal dans une école dagriculture dirigée par les Frères des Écoles Chrétiennes.
Je connais Nivelle depuis longtemps; nous avons été capitaine ensemble en Tunisie et je lai retrouvé chef descadrons en Chine. Il me parle en camarade: dabord de la situation diplomatique assez inquiétante en Orient où les Russes pourraient nous lâcher, avec Protopopof comme premier ministre, puis de la Grèce où les Anglais et les Italiens ne veulent pas que lon touche au roi Constantin qui nous trahit ouvertement. p>
Plan dopérations de Nivelle pour 1917
Il me parle ensuite de son plan dopérations pour 1917 qui est grandiose; je nai plus le rôle principal que Joffre voulait me confier. Je dois attaquer de concert avec les Anglais de façon à user les réserves allemandes et préparer lentrée en ligne du Groupe dArmées de Réserve (G.A.R.) qui vient dêtre créé à ma droite et confié, sous certaines conditions, au général Micheler.
Il mapparaît très nettement que Nivelle, grisé par ses succès de Verdun, veut garder la haute main sur le G.A.R. La VIe armée y figure et Mangin vient dy remplacer Fayolle, ceci mexplique le changement du chef de la Ière armée; tout séclaire pour moi, ce nétait quune question de personnes.
Connaissant bien le terrain choisi pour les attaques, car cest presque uniquement lancien front de la Ve armée où je suis resté plus dune année, jai des craintes sur la réussite du plan que Nivelle me décrit avec enthousiasme. Micheler, pour obtenir un groupe darmées, lui a fait des propositions infinies de dévouement et de réussite.
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Abri bétonné
Secteur IIIe armée
12 Avril - En allant voir sur la rive gauche de lOise, Amigny-Rouy et leurs buttes, je déclenche un tir dartillerie allemand sur ma voiture. Une batterie samuse à nous suivre, Montégudet et moi, cest une sensation trrès désagréable.
Je rentre à Chauny où je vois le 226e commandé médiocrement; le chemin de fer y arrive.
13 Avril - Après avoir nié le repli allemand, le général Nivelle en est arrivé à croire que les Allemands continuent leur retraite. Il me prescrit de faire attaquer St-Quentin par la IIIe armée sans que cette armée puisse faire une préparation sérieuse dartillerie, car elle na plus guère que du 120 long comme artillerie lourde.
Le ministre de la guerre décide denvoyer un agent de laison auprès de chaque groupe darmées en opérations. En conséquence, Helbronner annonce son arrivée pour 11 heures.
Beau temps dans la matinée puis ciel couvert.
La préparation dartillerie commence à 5 heures; lattaque est menée par le 13e C.A. et ses deux divisons organiques, la 25e avec Lévy et la 26e avec Pauffin de St-Morel. Dans laprès-midi, je vais à St-Simon, Artemps, Séraucourt-le-Grand,Le Hamel. Je rencontre successivement Linder, Lévy, Pillivuyt que je nai pas vu depuis le Tonkin en 1885; il a quitté lartillerie coloniale et commande maintenant un régiment dartillerie du 1er C.A.
Je me rend à la cote 99 pour causer avec Humbert à son poste de commandement et me rendre compte de la situation.
Abri bétonné pour mitrailleuse
Malgré une faible réaction de lartillerie ennemie, lattaque a échouée à cause des mitrailleuses installées dans des abris bétonnés communiquant avec larrière par souterrains. Quoique pense le général en chef et son cabinet, lennemi tient solidement St-Quentin et ses abords.
14 Avril - Beau temps. Les Allemands ne réagissent pas à la suite de lattaque dhier du 13e C.A., mais ils tiennent solidement la ligne où; ils se sont arrêtés. De la butte de Vonel, jai une belle vue de St-Gobain dans les lignes allemandes.
15 Avril - Le temps se couvre de pluie. A Séraucourt-le-Grand, je vois les régiments qui ont attaqué avant-hier. Tous saccordent sur la solidité de la ligne allemande faite à labri et avec du temps devant soi.
Il nous faut modifier nos signaux: les Allemands les connaissent et sen servent.
Le 121e mapprend la mort du lieutenant Palluat de Besset. Cétait un fort gentil garçon; on me remet son porte-feuille que je ferai parvenir à ses parents.
Affiche de l'emprunt national
En rentrant à Clermont, japprends que les 3.500 habitants libérés de Noyon ont versés 250.000 francs en or pour lEmprunt national.
16 Avril - Beau. Cest le jour de lattaque décisive du G.A.R. Mon groupe darmées ne fait rien puisque je lui ai passé presque toute mon artillerie de 155.
Je vais donc voir nos voisins: la 3e division dinfanterie coloniale du 1er C.A.C va attaquer la forêt du Mortier, le Mont des Singes et la ferme de Moisy. Le G.A.R. a fourni au 1er C.A.C de Berdoulat des avions de chasse pour nettoyer son coin de ciel.
La 45e D.I., qui sétend jusquau canal de lOise à lAisne, a devant elle, le 82e de Landwehr.
En passant au P.C. du 1er C.A.C, je trouve Puypéroux qui insiste auprès de son commandant de corps pour faire contre-battre les batteries de Prémontré dans la forêt de Coucy. Au lieu de faire venir Puypéroux, ce commandant aurait dû aller le voir.
Le colonel Stuhl qui commande linfanterie divisionnaire 77 réclame un capitaine pour son E.M.
A Clermont, je reçois les plaintes des aviateurs sur les bandes métalliques pour les mitrailleuses Vickers de 7,7 mm des avions Spad VII. Les premières bandes métalliques étaient meilleures, maintenant elles laissent à désirer; elles sont mal réceptionnées.
17 Avril - Mauvais temps, rien de nouveau. Le contrôle postal signale deux femmes: lune de Ham, lautre dAmiens, qui témoignent de sentiments antipatriotiques dans leur correspondance.
18 Avril - Pluie, mauvais temps. Les Allemands ont fait une attaque de nuit sur les 92e et139e; elle est repoussée.
Je me rends au 13e C.A. et interroge les exécutants sur leur attaque du 13 Avril. Le commandant Kremps, du 121e, attaquait le Moulin-de-Tous-Vents: il a trouvé des fils de fer coupés de façon insuffisante par les tirs d'artillerie. Il était dautre part impossible de suivre le barrage roulant, qui allait trop vite, à cause des difficultés du terrain.
Le capitaine de Larminat, avec toute sa compagnie, a dû passer par une seule brèche sur tout le front de sa compagnie.
Daprès La Pommélie, le barrage roulant était inexistant et les brèches insuffisantes: deux brèches pour tout un bataillon.
En résumé, comme je le pensais, lattaque a échoué faute dartillerie suffisante en nombre et en puissance.
Contrairement à ce que pensait Nivelle, les Boches nont pas lintention de se retirer plus loin. Il faut reconnaître que Nivelle na fait aucun reproche à personne sur cet échec dont il connaît les causes aussi bien que nous.
Les princes Sixte et Xavier de Bourbon-Parme avec d'Espèrey
19 Avril - Je reçois la visite des princes Sixte et Xavier de Bourbon-Parme frères de Zita, femme de l'empereur d'Autriche Hongrie: deux jeunes gens sympathiques ayant la nationalité française et servant dans l'armée belge. Je les mène, par Soissons, dans la carrière de la ferme Beaumont au Nord de Leurhy où Puypéroux a installé le P.C. de la 3e D.I.C. et ensuite à lobservatoire.
Grosse action de lartillerie allemande sur le 13e C.A.
20 Avril - En se retirant, les Allemands ont laissé des cimetières bien organisés, qui occupent beaucoup de place. A côté, se trouvent des sépultures françaises violées. Passage devant lancienne abbaye de Citeaux dOurscamps entre Ribécourt et Noyon.
21 Avril - A Ham et Golancourt, je vais voir le 98e et le 16e d'artillerie (25e D.I.) qui ont pris part à lattaque du 13 Avril. Ils me confirment dans lidée que pour réussir une attaque, il faut une préparation dartillerie soignée.
Le temps se remet au beau.
22 Avril - Visite des hôpitaux dévacuation proches de Compiègne. A Villers-sur-Coudun, il y a surtout des évacués civils en particulier des vieilles femmes de Coucy.
A Estrée-St-Denis, je trouve des officiers blessés des Ve et VIe armées; tous sont affirmatifs: les Allemands connaissaient le jour et lheure de lattaque. Devant notre 1er corps, ils ont amenés des troupes fraîches la nuit qui a précédé lattaque. Sur le 32e corps, le tir de barrage allemand a commencé 5 minutes avant lheure H.
En passant, jinflige 15 jours darrêt et je fais relever de son commandement de compagnie, un lieutenant qui, laissant sa compagnie manger en plein air, sétait installé dans une maison pour déjeuner à laise. Il faut que mes promenades servent à quelque chose.
Poincaré accompagné de dEspèrey (de dos) décore trois poilus de la 121e D.I.
23 Avril - A Frières-Faillouel et à Jussy. Le 240 allemand tire jusquà Flavy-le-Martel. A Jussy, je vois lambulance de la 121e D.I. Comme le village est complètement détruit, elle a reçu des tentes tortoises, mais celles-ci sont ignobles et beaucoup trop vieilles. Je transmets au G.Q.G. une demande, soit de 1/2 Bessoneau, soit de 1/2 Dikson.
Je prescrit à Humbert déchelonner son dispositif de bataille en profondeur, car en y mettant la quantité de munitions nécessaires, la 1ère position cède toujours.
Comme les travaux dinstallation vont commencer, il faut les faire bien: trois lignes de tranchées, la première pour la surveillance, la seconde pour la résistance et la dernière pour installer les réduits.
En rentrant, je trouve un ordre du Q.G.G mettant, à partir de demain midi, la VIe armée à mes ordres. Cette VIe armée est celle de Mangin. Jai bien senti que le torchon brûlait entre Micheler et Mangin.
Nivelle veut les séparer. En même temps, je reçois lordre denvoyer au G.Q.G. mon chef dE.M. pour prendre connaissance des ordres donnés à la VIe armée, en vue de compléter loccupation du Chemin-des-Dames. Comme toujours après un échec, les cancans se répandent. On affirme que le 17 Avril, Micheler avait à déjeuner 8 parlementaires, et 27 à son Q.G. pendant les attaques.
Secteur VIe armée
Mangin et dEspèrey observent le Chemin des Dames dun toit aménagé en observatoire à Merval
24 Avril - Dès la première heure, je vais voir Mangin qui, pour les attaques, place son P.C. à Merval où;, lorsque jétais à la Ve armée, Marjoulet siégeait avec lE.M. du 18e C.A. Dun toit depuis longtemps aménagé en observatoire, jai une très belle vue sur le Chemin-des-Dames.
La VIe armée comprend: le 37e C.A., les 1er et 2e C.A.C, les 6e, 20e, 11e C.A., la 97e DT, les 127e et 153e D.I. avec une artillerie formidable.
Pendant notre entretien, un télégramme fait bondir Mangin. Un groupe de 240 de Pargnan, doit être envoyé à la IVe armée; ce groupe lui est essentiel, car il peut seul battre les grottes de Courtecon.
Je comprends que Micheler et Mangin ne sont pas daccord; le plan grandiose ayant échoué, le commandant de groupe darmées cherche à reporter léchec sur son subordonné: si ce nest pas très élégant, cest humain.
Pour moi, lerreur la plus grande a été dattaquer de front le Chemin-des-Dames: il fallait profiter du repli allemand pour prendre de flanc toutes les défenses allemandes. Je prouverai six mois plus tard, par la bataille de la Malmaison, que la chose est possible.
Jai naturellement beaucoup de demandes de Mangin. Le G.A.R. a été bien pourvu déléments prélevés sur le G.A.N. puisque cest lui qui devait tout enlever. Il réclame une aviation nombreuse pour voir derrière lécran constitué par le Chemin-des-Dames.
Guynemer sur le capot moteur de son SPAD XIII du groupe des cigognes
Il lui faut un certain nombre descadrilles de chasse (8 à 10 appareils) et un groupe de combat ( 3 ou 4 escadrilles) à prélever sur les trois que possède le G.A.R., de préférence le groupe de combat n° 12 du commandant Brocard qui a déjà travaillé avec la VIe armée et connaît le terrain.
Il lui faut un supplément de 155 longs, avec une allocation journalière de 6.000 coups.
Il réclame le nombre de bataillons dinstruction correspondant à ses effectifs et une dotation suffisante de chars dassaut.
Un coup de téléphone de mon nouveau Q.G. de Choisy-au-Bac me prévient que Nivelle me demande le plus tôt possible à Compiègne. Je my rends en toute hâte par Vailly. Nivelle mentretient de la discorde qui règne entre Micheler et Mangin; il est un peu désapointé du peu de succès de ses attaques. Jinsiste auprès de lui pour quil ne sacrifie pas Mangin qui na fait quobéir; il me le promet et memmène, je ne sais pourquoi à Amiens où; il va trouver Douglas Haig qui y a son Q.G. Les deux généraux en chef ont une conférence qui conclut à la continuation des attaques. Douglas Haig a lair satisfait et content.
Nivelle se plaint de notre aviation; la maitrise de lair nous échappe; laviation de combat ne soutient pas assez laviation dobservation. Il prétend que nos aviateurs craignent lAllemand: cela vient, à mon sens, de la nouvelle tactique allemande qui opére par groupe de 5 à 7 avions, tandis que les nôtres sont plus individualistes.
25 Avril - Le temps sest remis au beau. Je retourne voir Mangin à Merval. Les Allemands préparent une attaque, à la jonction des VIe et Xe armées, contre Heurtebise enlevée il y a quelques jours par Mazillier.
A Pargnan, MaudHuy me fait un grand éloge du commandant de Clermont-Tonnerre, puis je vais voir Mitry; son C.A. a eu des succès, mais il insiste pour être relevé: jen suis fâcheusement impressionné. Serait-il de la catégorie que Pétain appelle les gladiateurs ?
Toujours les cancans. Clemenceau, Loucheur (sous-secrétaire d'état des fabrications de guerre), Breton (sous-secrétaire d'état aux inventions) et deux femmes auraient fait parti des convives de Micheler lors du fameux déjeuner de lattaque du 16 Avril .
Secteur IIIe armée
26 Avril - Beau temps. Jen profite pour passer, au camp de Lassigny, la revue de la 81e D.I. issue de la 81e Division Territoriale dont Bajolle conserve le commandement. Composition: 262e, 279e, 308e dinfanterie; 270e dartillerie initialement à deux groupes de 75 et un groupe de 90.
Remise de quelques décorations: Bouchez qui vient de Compiègne, Hubert de mon E.M., etc...
Les populations libérées - 16.000 habitants - ont versé 400.000 francs or en souscrivant 1.000.000 de bons de la défense nationale.
27 Avril - A déjeuner, mes voisins anglais, le général Rawlinson, son chef dE.M. Montgomery et Penty, chef du bureau des opérations. Nous ne nous attendions pas à être relevé par les Anglais.
Altmayer va sous peu être promu, le G.Q.G. le propose en bonne position.
Départ pour Ham afin daller voir le commandant du 13e C.A. que je connais peu. Cest le général Linder, du génie. Etude de la protection de lartillerie; elle doit sétaler sur le terrain. Quand les abords sont bien reconnus et la protection suffisante, une batterie peut tenir la position dun groupe.
Masquage de route aux vues terrestres - Pose de bandes verticales de camouflage
Passage à la 27e D.I. pour régler lemploi des bataillons Masquart-Dessolier en vue de la pose de bandes de camouflage. Je rentre à Ham dîner chez Linder et coucher chez le maire. Aujourdhui, la gare de Ham a ravitaillé 75.000 hommes.
28 Avril - Réveil à 5 heures, pour aller dans les tranchées de première ligne face au saillant de Rocourt à lOuest de St-Quentin. Jy trouve le colonel Augier du 38e. Le bataillon Benoit, de son régiment, tient cette position.
Puis à Le Hamel, Q.G. de la 120e D.I., Ecochart qui la commande est absent: il est bien remis de sa contusion. A Séraucourt-le-Grand, les Allemands ont laissé des éléments de voie de 60 à signaler à notre service de récupération. Cest le 75e qui occupe ce village: cantonnement mal tenu, désordre dans les rues. Au cimetière, je vois la tombe de Jacques Palluat de Besset tué à lattaque du 13 Avril. Retour par Artemps et la 27e D.I., commandée par Barthélemy, où je retrouve Husband, un ancien de la Ve armée.
En rentrant à Choisy, je reçois des précisions sur les pertes de la VI armée du 16 au 20 Avril:
- 640 officiers,
- 15.674 Français,
- 5.274 Sénégalais,
- 1.515 Arabes,
sur un total de 11.275 officiers et de 416.151 hommes, soit 5,5%. Beaucoup de Sénégalais sont évacués pour gelure des pieds.
Mon chef dE.M. rentrant du G.Q.G. me communique les ordres du général en chef: la VIe armée doit compléter loccupation du Chemin-des-Dames .
Je veux profiter du saillant causé par le repli allemand qui permet de prendre de flanc les organisations allemandes; mais pour avoir des résultats, il me faut remanier tout le dispositif dartillerie ce qui prend du temps. Nivelle se sentant menacé, est pressé davoir un succès; je reporte cette idée à plus tard. Je la réaliserai six mois plus tard lors de la bataille de la Malmaison.
Je ne peux obtenir, pour le 1er C.A.C, la division de renfort que je demande. A sa place, le G.Q.G. me donne le 1er corps de cavalerie. Je me sert des excellents régiments à pied de ses divisions qui firent fort bien.
Je constitue donc une division de toute pièces, en réunissant sous les ordres de Brécard, lE.M. de la 5e division de cavalerie (D.C.), les régiments de Cuirassiers à pied des 1ère, 3e, 5e D.C., les trois groupes dartillerie de ces divisions, un escadron de la brigade légère de la 5e D.C.
Il ne manque que les sections de munitions que je fais fournir par larmée. En outre, je suis renforcé par lartillerie dassaut (chars) du groupement Lefèvre:
Groupe de chars Schneider
Secteur VIe armée
30 Avril - En allant voir mes C.A. en réserve, je double le bataillon Portalis qui marche en désordre: contraste avec les autres unités de cavaliers à pied qui se distinguent par la régularité de leur attitude dans les rangs.
1er Mai - Mangin est remplacé par Maistre, je vais à Merval le lui annoncer, puis à Beaurieux, voir Hirschauer et le 18e C.A.
Le soir jai à dîner Maistre qui vient prendre son commandement. Ayant passé par Compiègne, il mannonce que Pellé remplace Boissoudy au 5e C.A. Où va celui-ci ?
2 Mai - A Merval, installation de Maistre. Il a un excellent chef dE.M., Daugan qui a lhabitude des situations critiques. Il est cependant un peu surpris davoir à diriger une attaque après-demain. Moi aussi !
Je trouve lattaque prématurée. Jaurais voulu avoir quelques jours de disponibles pour installer une artillerie de façon à profiter du saillant constitué vers Allemant par le repli des Boches, de façon à battre de flanc et même à revers la ligne ennemie jusque vers Pargny-Filain.
Mais Nivelle qui se sent menacé a hâte davoir un succès.
3 Mai - Le service des munitions dans les parcs dartillerie a besoin dêtre surveillé de près car les corps se plaignent de la composition des charges. Je désigne pour le diriger le colonel dartillerie coloniale Condé que sa santé ne permet pas demployer à lavant.
Mazillier qui commande le 20e C.A. (VIe armée) demande à remplacer son chef dE.M. par Thierry, de larmée coloniale comme lui.
Je trouve à lambulance 10/16 du 37e C.A. (VIe armée) un aide-major très fatigué, à relever durgence.
4 Mai - Dabord à Sorny, chez Brécard, qui a bien constitué sa division; il est effrayé de lindiscipline qui règne dans la division coloniale voisine. Du reste, le commandant du C.A.C est médiocre.
Puis à Crouy, visite aux chars de lartillerie dassaut (A.S.). Le groupement Lefèvre y est concentré depuis trois jours qui ont été employés à la mise en état du matériel, à la constitution des dépôts de munitions et dessence, aux reconnaissances du terrain.
Le groupe A.S. 1 est affecté à la division Brécard, le groupe A.S. 31 au général Prioux, le 3e groupe en réserve à la disposition de larmée.
Une compagnie du 17e bataillon de Chasseurs à pied est attachée à chacun des groupes A.S.; elle aménage les pistes jusquà la première ligne française dattaque. Ce bataillon apportera au groupement le concours le plus précieux car il le connaît bien ayant établi toutes les liaisons téléphoniques et optiques avec les groupes.
A Condé-sur Aisne, je fais la connaissance du général Prioux, commandant la 158e D.I., gauche du 37e C.A., qui attaquera demain avec Brécard.
Je monte ensuite au fort de Condé qui constitue un excellent observatoire: notre artillerie pourrait y faire du bon travail.
5 Mai - Attaque du 1er corps de cavalerie et de la 158e D.I. du 37e C.A. Malgré lélan des troupes, les résultats sont médiocres: lennemi a dû être prévenu; des compagnies montant en ligne ont perdu une vingtaine dhommes par le tir de lartillerie ennemie.
La 158e D.I. a trouvé devant elle le 193e prussien arrivé dans la nuit de Vendresse à 15 km Sud de Charleville. Des prisonniers ont été faits, parmi eux, il y a 4 chefs de bataillon.
6 Mai - Lattaque reprend avec quelques progrès: on fait prisonniers 11 officiers et 835 hommes.
Lartillerie dassaut (A.S.) a rendu des services, mais cest une arme qui nest pas encore au point. On paraît craindre beaucoup léchauffement.
Le commandant du groupement ne sest pas entendu avec la 158e D.I., aussi lA.S.31 a-t-elle des résultats beaucoup moins bons que lA.S.1 qui marchait avec la division Brécard.
Létat global des pertes est le suivant: 178 officiers, 6.355 hommes. La forte perte en officiers par rapport aux pertes en homme est dûe à la bravoure des officiers de cuirassiers qui se battent pour la première fois.
En allant à Merval, je croise une bande de parlementaires en revenant: Dumont, Klotz, Abel Ferry. Jy trouve Nivelle qui rentre de Paris où il a assisté à une conférence interalliée: il me parle de laplatissement de Ribot devant les Anglais.
Le soir, à Vic, Nivelle me téléphone la suppression du G.A.R., la Xe armée passe au G.A.N., la Ve au G.A.C. Micheler est rendu à ses relations avec le président du Sénat, Antonin Dubost.
Une creute sur le Chemin des Dames
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