LES 7 ARTICLES - Livret XII Mémoires / Annexe 02
Articles de journaux de Salonique (français, grec, turc)
relatant le passage du général dEspèrey à Salonique le 3 Septembre 1919
Lettre daccompagnement avec le cachet AAO portant les précisions suivantes:arrivée le 30/09/1919, N° de répertoire 8214, remis au CEM
Salonique, le 4 Septembre 1919
S. Protonotarios
Directeur du bureau de la presse
à
Monsieur le général Franchet dEspèrey
Commandant en chef les Armées Alliées dOrient
Mon Général,
Jai lhonneur de Vous envoyer ci-inclus des coupures des journaux de Salonique
1 - Opinion
2 - Indépendant
3 - Makédonia
4 - Hellas
5 - Phos
6 - Nea Alithias
7 - Havadis
accompagnées dune traduction de quelques extraits des cinq derniers articles parus à propos de votre récente visite dans la capitale de la Macédoine grecque.
En Vous faisant parvenir ces publications qui constitueront peut-être un des petits souvenirs de la grande apothéose dont Vous fûtes hier lobjet ici, je Vous prie, mon Général, de bien vouloir agréer lhommage de mes félicitations respectueuses pour le rôle désormais historique que Vous avez rempli dans la Victoire de la cause Alliée en Orient ainsi que lexpression émue de ma profonde gratitude pour lappui inestimable que Vous avez bien voulu prêter à la Grèce reconnaissante.
Très respectueusement.
signé: S. Protonotarios
1 - Journal LOPINION du 4 Septembre 1919
Le généralissime Franchet dEspèrey à Salonique
La ville témoignera aujourdhui son admiration et sa gratitude au grand soldat de France
Depuis hier soir, le général Franchet dEspèrey se trouve en notre ville. Salonique et avec elle la Macédoine et la Grèce sont heureuses dadresser au glorieux vainqueur des germano-bulgares la plus cordiale et respectueuse bienvenue.
La joie reconnaissante quen éprouve la population de Salonique est dautant plus profonde et sincère que les services du grand chef français à la cause de lhumanité en général, à la cause française et alliée en particulier, sont éminents et dignes doccuper une page des plus brillantes dans lhistoire de la conflagration mondiale.
Si lhellénisme et tous les peuples alliés dOrient sont épris de gratitude admirative envers le général Franchet dEspèrey, la Macédoine grecque et Salonique sa capitale ne sauraient trop reconnaitre lactivité bienfaisante de lillustre soldat. Grâce à lui et à ses dignes troupes, non seulement le reste de la Macédoine fut préservé de linvasion sanguinaire des germano-bulgares mais encore un coup, vraiment mortel, leur fut porté, qui, suivant la fameuse lettre de Hindenburg, accéléra la capitulation des Empires centraux.
Le maréchal Foch en Occident et le général Franchet dEspèrey en Orient ont écrit dans les annales de la guerre universelle des pages également glorieuses et brillantes.
La Victoire alliée en Orient, à laquelle la Grèce est heureuse et fière davoir eu une part importante, est désormais inséparable du nom du grand chef français qui se trouve depuis hier soir dans nos murs.
Nous sommes sûrs que M. Anghélakis, le sympathique Maire de Salonique, en remettant aujourdhui au vainqueur des Prussiens dOccident et dOrient, le sabre dhonneur de la ville, saura interpréter, en termes heureux, avec linaltérable gratitude des Saloniciens, limpérissable souvenir de leur admiration dévouée envers lui.
Larrivée
Dans la gare de Salonique - Ville décorée, fleurie, illuminée, pavoisée aux couleurs alliées, hier au soir le train du généralissime Franchet dEspèrey, commandant en chef des armées alliées dOrient, entre vers 9h.1/2.
Le train est fleuri, couvert de feuillages, cest que dans les gares intermédiaires, la population enthousiaste qui venait acclamer le grand soldat de France en hommage de reconnaissance avait tenu à orner et fleurir la locomotive, les wagons, et les gerbes ont été données au généralissime même.
Les abords de la gare sont pleins dun public impatient et heureux de pouvoir acclamer le grand chef français à qui Salonique aujourhui manifestera toute sa gratitude.
Le service dhonneur est assuré par des détachements de la garde du Quartier Général Hellénique et des troupes coloniales françaises.
Sur le quai de la gare sont présents et entourent le généralissime Paraskévopoulos commandant en chef les armées alliées de Macédoine, le général Neyral de Bourgon, commandant les troupes françaises, les Etats-Majors hellénique et français; M. Graillet, consul général de France, les chefs des liaisons italienne, serbe et britannique, M. Adossidès gouverneur général de Salonique-Pella, M. Anghélakis maire de Salonique, les autorités civiles et militaires de la ville.
Le train stoppe et aussitôt le généralissime dEspèrey apparaît à la portière, dun geste leste il saute à terre et serre cordialement la main au généralissime Paraskevopoulos tandis que la musique de la Place de Salonique entonne la Marseillaise.
Après les salutations dusage, les deux généraux se dirigent vers la sortie et montent dans lauto du général Paraskevopoulos, accompagné de laide de camps de ce dernier, le commandant Bizas.
La suite du général dEspèrey, composé notamment des deux officiers supérieurs dEtat-Major, accompagné du colonel Saryannis chef dEtat-Major, de M. le colonel Protosynghelos, sous-chef dEtat-Major, prennent place dans une autre voiture.
Le général Paraskévopoulos accompagne le général dEspèrey jusquà la villa du Gouverneur général où le généralissime logera durant son séjour.
Tout le long du parcours, des soldats grecs sétaient massés et ont acclamé frénétiquement les généralissimes sur leur passage aux cris de Vive dEspèrey, Vive la France !
Son voyage
Le généralissime Franchet dEspèrey vient de Constantinople par voie de terre. Sur tout le parcours en territoire grec, il a été lobjet de manifestations délirantes denthousiasme.
A Drama la réception fut solennelle. Toute la population ainsi que les autorités militaires et civiles ont amplement contribué à léclat de la manifestation.
A la frontière, à Okichilar, les généraux helléniques présents ont rendu les honneurs au généralissime dEspèrey qui en a été très touché.
Son séjour à Salonique
Le général franchet dEspèrey séjournera 36 heures environ en notre ville. Il sera lhôte de notre Gouverneur Général M. Adossidès.
Aujourdhui après limposante cérémonie de remise du sabre dhonneur offert par la ville, le général commandant en chef les armées alliées dOrient se rendra chez le général Paraskévopoulos qui offre un déjeuner en son honneur.
Dans la soirée, M. le Gouverneur Général offrira à son tour un banquet en lhonneur du Généralissime. Y assisteront les notabilités de la ville.
Dans la journée daujourdhui la plupart des édifices publics seront pavoisés et dans la soirée la ville sera illuminée. Des manifestations populaires auront également lieu.
Ce soir, la troupe Enkel donnera une représentation de gala en lhonneur du Généralissime avec au programme le chef-doeuvre de la scène française La Mascotte.
La remise du sabre dhonneur
Programme officiel de la cérémonie
Aujourdhui à 11h.30 dans la Cour dhonneur du Quartier Général grec aura lieu la cérémonie de la remise dun sabre dhonneur par la ville de Salonique au Généralissime des armées alliées.
Je règle comme suit les détails de la cérémonie:
1) Le Quartier Général ainsi que tous les établissements publics occupés par les Autorités Grecques et Alliées, depuis la rue Misrahi jusquau Champs de Mars devront être pavoisés dès 8 heures du matin.
2) Une demi-heure avant la cérémonie, les détachements grecs appartenant à toutes les armées seront alignés depuis la rue Misrahi jusquau Champs de Mars pour rendre les honneurs réglementaires.
Un ordre spécial réglera la composition et la disposition des troupes.
3) a) Le Gouverneur Général de Macédoine et les Autorités Civiles, le Corps Consulaire de Salonique qui sera invité par M. le Gouverneur Général.
b) Le Général commandant les armées alliées de Macédoine, son Etat-Major, les Commandants des Unités et services Militaires de Salonique et tous les officiers supérieurs de terre et de mer.
c) Le Métropolite de Salonique, le Grand Rabbin et le Mufti qui seront invités par les Autorités Municipales.
d) M.M. les Commandants des Bases Anglaise, Française, Serbe et Italienne avec leur Etat-Major.
e) M.M. les commandants et les Etats-Majors des Navires de Guerre Alliés se trouvant en notre port, devront se trouver en grande tenue un quart dheure avant la cérémonie dans la Cour dHonneur du Quartier général.
Le Généralissime des Armées Alliées arrivera cinq minutes avant la cérémonie et se placera au milieu de la Cour dHonneur face à la mer.
A lheure fixée pour la cérémonie, le Maire de Salonique avec le Conseil Municipal se présenteront à lentrée de la Cour dhonneur du Quartier Général devant le généralissime et lui remettront officiellement le sabre dhonneur. M. le Maire prononcera à cet effet une allocution.
Les détachements rendront les honneurs réglementaires tant à larrivée du généralissime que pendant la cérémonie.
Après la réponse du généralissime à lallocution de M. le Maire, les musiques entonneront les hymnes nationaux français et grecs.
M. le Maire est prié de régler les détails des manifestations populaires et désigner les Autorités Municipales, les Corporations, les Syllologues, les Ecoles et le Corps des Boys Scouts qui assisteront à la cérémonie et se placeront aux endroits qui leur seront désignés.
Laide de camps du généralissime des armées alliées en Macédoine et un officier de son Etat-Major seront chargés de recevoir les invités officiels et leur désigner les places qui leur ont été réservées.
Le Chef de la Gendarmerie, le Directeur de la Police et le Commandant de la Place sont chargés dassurer le service dordre.
Le 20 Août 1919
Le Chef de lArmée
Généralissime L. Paraskevopoulos
2 - Journal LINDEPENDANT du 4 Septembre 1919
Une nouvelle fois Salonique reconnaissante témoigne sa gratitude au glorieux vainqueur des Balkans.
La population de Salonique salue avec enthousiasme larrivée en notre ville du glorieux officier français qui figurera dignement, dans lhistoire, dans la galerie des brillants vainqueurs de la grande guerre.
Les Saloniciens se rendent bien compte du rôle immortel joué par Franchet dEspèrey dans la lutte contre lennemi formidable et des services immenses rendus par lui à la cause des Alliés et à celle de notre pays.
Ils savent que cest la victoire décisive, remportée sur les champs de bataille de Macédoine et savamment préparée par léminent général, qui a marqué le commencement de lécroulement définitif de la puissance germanique et lavènement de la paix victorieuse des Alliés.
Aussi, les honneurs que notre ville rend, en ce jour, au brillant officier constituent un hommage dadmiration spontané à légard du grand stratège qui brisa larrogance ennemie et fit jaillir les premières lueurs de la victoire.
Mais ce nest pas seulement au grand conducteur darmées, au vainqueur des germano-bulgares que vont les hommages des Saloniciens, cest aussi à lhomme de coeur, à lhomme de caractère qui a laissé en notre ville le souvenir dun gentleman accompli.
Les Saloniciens, en effet, noublieront pas de si tôt la largeur de vues, laffabilité, lempressement à bien faire du commandant en chef des armées alliées dOrient qui a toujours traité avec une égale bienveillance les divers éléments de la population.
Et cest autant à lillustre général quà lhomme de coeur que vont aujourdhui les acclamations de nos concitoyens, heureux de pouvoir manifester au grand Français leurs sentiments dadmiration et de gratitude.
Larrivée
Le général Franchet dEspèrey vient en droite ligne de Constantinople. Durant son voyage, le glorieux commandant en chef des armées alliées dOrient a été lobjet de manifestations enthousiastes de la part des populations helléniques. Le général Franchet dEspèrey sera pendant quelques heures seulement notre hôte. Il part en effet ce soir même.
Le train du généralissime entre en gare à 9h.30. Toutes les autorités civiles et militaires, le général Paraskevopoulos, commandant en chef des armées alliées de Macédoine, M. Adossidès, gouverneur général, le général Nayral de Bourgon, M. Grillet, consul de France, les chefs des liaisons italienne, serbe et britannique, M. Anghélakis, maire et un nombreux public sont là depuis longtemps.
Le général Franchet dEspèrey descend de son wagon. Il a toujours aux lèvres ce sourire charmant qui lui avait attiré tant de sympathies parmi nous. Il serre la main à toutes les personnalités présentes, a un mot aimable pour tous et sinstalle dans lauto du généralissime Paraskévopoulos qui lemmène dans la résidence du gouverneur général dont il est lhôte.
La matinée
Ce matin, sur tout le parcours que le général avait à franchir pour se rendre au Champ de Mars où devait avoir lieu la cérémonie de la remise de lépée dhonneur, la ville présentait un aspect de fête; tous les magasins avaient fermé en signe de réjouissance; les drapeaux bleu-blanc et bleu-blanc-rouge mariaient leurs couleurs aux balcons des maisons.
Le temps lui-même avait tenu à être de la fête; après trois jours de pluie, le ciel, redevenu limpide, se parait dun azur printanier.
Bien avant lheure de la cérémonie, les soldats font la haie depuis lancien Quartier Général français de la rue Salamine jusquau Quartier Général hellénique. Au Champ de Mars, la décoration est particulièrement réussie. Des canons enguirlandés bordent lentrée du QG hellénique, lui-même décoré avec un goût qui fait honneur au service dorganisation. Un ordre parfait règne dans lAvenue où la garde dhonneur présente les armes.
Les fenêtres du QG hellénique sont couvertes de drapeaux. A lintérieur, la décoration est parfaite: la salle de réception, particulièrement, charme les regards. Lentrée de la salle où aura lieu la remise de lépée présente un aspect des plus imposants.
Dès 10h.1/2, les invités commencent à venir. Les voitures et les autos se succèdent, amenant son Excellence M. Adossidès, accompagné de M. Zacharitsas, directeur de la préfecture, le général Neyral de Bourgon, les Consuls de France, de Russie, dAngleterre des représentants des consulats dItalie et dEspagne, Son Eminence le Grand Rabbin, Son Eminence le Mufti de Salonique, des représentant du métropolite de Salonique, M. Lazaridès, M. Protonotarios, directeur du bureau de la presse et des représentants de tous les états-majors alliés.
M. Anghelakis, suivi du président du Conseil municipal, attend le général à lentrée.
A 11 h.15 précise, les clairons sonnent aux Champs; sur toute lavenue, superbe de tenue, la garde présente les armes. De loin parviennent les rumeurs dovations enthousiastes; une foule parmi laquelle on remarque une délégation des écoles grecques et israélites, acclame le vainqueur des Balkans.
Alerte, le général descend de son automobile, le visage démocratiquement préservé du soleil par un mouchoir sortant des bords de son képi. On sent quil est heureux de se retrouver dans cette ville de Salonique où il a connu tant de moments critiques, mais aussi de si douces joies.
Après une courte halte à la salle dhonneur, Franchet dEspèrey redescend au vestibule et M. Anghelakis savance pour prononcer dune voie émue lallocution suivante que le général écoute avec une visible émotion.
Allocution de M. Anghelakis
Mon Général,
Au nom de la ville de Salonique, jai lhonneur de vous remettre cette épée. Veuillez bien, mon général, voir dans ce modeste souvenir un faible témoignage de ladmiration et de la reconnaissance que la capitale de la Macédoine avec lHellénisme tout entier nourrissent pour le chef glorieux qui, le premier, a porté un coup décisif à lennemi, qui a si brillamment commandé nos troupes, qui a libéré notre territoire traitreusement livré et ravi Salonique qui a eu naguère la bonne fortune de vous offrir lhospitalité. Son nom a été illustré par vos victoires. Ces victoires, cest ici que vous les avez patiemment, mais savamment préparées.
Cest dici quest parti, grâce à la science militaire française dont vous êtes le représentant si hautement autorisé, le signal de la libération du monde dont vous êtes un des principaux artisans. Il était tout naturel que Salonique vous rende ce simple, mais cordial hommage.
Dailleurs, mon Général, vous avez par votre droiture et bienveillance conquis ici tous les coeurs et une fois loin dici, nous le savons, vous navez cessé de vous intéresser à notre cause. Vous voyez que vous avez plus dun titre à cette gratitude et à cette admiration dont je parlais tout à lheure.
Le Conseil Municipal ma chargé de profiter de cette occasion pour vous annoncer quil sera heureux de donner votre nom à lune des Avenues de la nouvelle cité. Je me hâte dajouter que nous navons pas besoin de cette commémoration pour garder votre souvenir.
Celui-ci demeurera inaltérablement gravé dans nos coeurs. Nous avons simplement pensé nous honorer en donnant le nom du grand Français qui est en même temps un ami de la Grèce à une des artères ce cette ville dont vous êtes déjà un citoyen honoraire.
En son nom, merci de tout ce que vous avez fait pour nous.
Vive la France !
Vive le général franchet dEspèrey !
Toutes les poitrines répètent avec M. Angelakis:
Vive la France !
Vive le général Franchet dEspèrey !
Dune vois martiale, au milieu du silence général, le commandant en chef des armées alliées dorient prononce une brève improvisation dont nous relevons les passages suivants:
La réponse du général
Monsieur le Maire,
Je vous remercie des paroles aimables que vous mavez adressées au nom de la ville de Salonique. La guerre est finie. Grâce à tous les Alliés, grâce à la Grèce et à ses chefs valeureux, lennemi est à bas. Mais les difficultés ne sont pas encore finies, elles commencent.
Vous avez devant vous une ville particulièrement éprouvée. Il faut se mettre au travail pour que Salonique devienne bientôt lemporium de toute cette région des Balkans quelle a à desservir.
Je ne doute pas que vous narriviez à la réédifier sur des bases solides, secondé par le gouverneur général M. Adossidès que la confiance de M. Venizelos a mis à la tête de cette ville.
Vive la Grèce ! Vive Salonique.
Comme écho aux acclamations que ne manque pas de soulever cette péroraison qui va au coeur de tous, la musique entonne la Marseillaise et lHymne grec respectueusement écouté par la foule.
Puis, M. Angelakis présente les notabilités locales et M. Graillet, le corps consulaire. Le général a pour tous un mot charmant, il se souvient de tous.
Le général, suivi de tous les invités, remonte à la salle de réception où des rafraîchissements sont servis.
Quand le général en sort ce sont de nouvelles acclamations.
A midi, le général Franchet dEspèrey a déjeuné chez le général Paraskévopoulos. Ce soir, il dînera chez M. Adossidès, gouverneur général.
La rue dEspèrey
Voici lacte par lequel le Conseil de la Ville a décidé de donner le nom de Franchet dEspèrey à une de nos rues:
Le Conseil municipal réuni, aujourdhui 19 Août / 1er Septembre 1919, en séance extraordinaire, à loccasion de larrivée prochaine en notre ville du généralissime Franchet dEspèrey et prenant en considération la proposition de M. le Maire relevant la dette de reconnaissance contractée par Salonique envers le glorieux généralissime qui, à la tête des troupes alliées et helléniques, a remporté la victoire décisive dans les Balkans assurant ainsi la liberté de la Macédoine et hâtant la fin glorieuse de la guerre, et qui, dans lexercice de ses hautes fonctions à Constantinople na cessé de manifester par des actes ses sentiments chaleureux de sympathie pour lHellénisme encore assujetti et notre cause nationale en général, estime de son devoir déterniser son souvenir parmi nous en donnant son nom à une des principales rues de la ville, en même temps quil lui offre lépée dhonneur.
Le Conseil charge M. le Maire de remettre au général une copie de la présente résolution.
3 - Extraits des journaux grecs de Salonique des 21 ou 22 Août 1919
31 - Journal MAKEDONIA
Depuis hier soir se trouve à Salonique le glorieux commandant en chef des armées alliées dOrient, Franchet dEspèrey.
Nous ne tâcherons pas de dire qui est dEspèrey et quelle est son oeuvre grandiose. Nous ne parlerons pas non plus de son héroïsme ni de ses incomparables vertus militaires.
Nous ne nous attarderons également pas à relever la portée de la grande victoire obtenue par les armées alliées sous son commandement napoléonien.
Le peuple grec et, particulièrement, Salonique, noublierons jamais que sous la haute direction du fils héroïque de France, les troupes grecques ont fait valoir leur vaillance en collaboration avec les armées de nos amis et alliés Français, Anglais, Serbes et Italiens et ont porté le coup initial et considérable au monstre allemand par lécrasement de la Bulgarie.
Nous, Grecs, sommes reconnaissants au Vainqueur des Balkans.
32 - Journal HELLAS
Franchet dEspèrey a mené ici une offensive inimaginable, foudroyante. Au bout de dix jours, la Bulgarie fut battue. Pendant ce temps, le sort des Empires centraux fut également fixé. Allant de triomphe en triomphe, le général Franchet dEspèrey a connu une gloire incomparable.
Par la confiance quil a, dès le début, manifesté en la valeur de larmée hellénique, il se fit le sauveur et le bienfaiteur de la Grèce.
Le sabre dhonneur que lui offre Salonique est une infime marque de reconnaissance à son égard.
33 - Journal PHOS
Salonique qui offrit longtemps lhospitalité au glorieux général et qui servit de point de départ à ses brillantes victoires reçoit le Vainqueur avec une joie particulière.
Pour nous Grecs, le nom de Franchet dEspèrey est profondément gravé dans notre coeur. Les Grecs noublieront jamais ce quils doivent à lillustre généralissime. La ville de Salonique et avec elle le peuple de Macédoine et toute la Nation grecque crient et crieront toujours: Vive dEspèrey. Cest grâce à son génie stratégique que la liberté, le plus précieux des bienfaits humains, sera rendue aux Grecs irrédimés.
34 - Journal NEA ALITHIA (Journal du soir)
Salonique a offert ce matin un sabre dhonneur au généralissime Franchet dEspèrey, le glorieux soldat et le vainqueur, couvert des lauriers de la Marne et du front macédonien.
Si solennelle que fut cette cérémonie, elle a été et sera très pâle en rapport avec les sentiments éprouvés par les Grecs en entendant le nom illustre de ce vaillant soldat et glorieux général de la grande France.
Cest au nom du peuple hellène tout entier que la ville de Salonique a offert à ce grand chef, dont le nom est si intimement lié aux deux phases les plus décisives de la guerre mondiale, le sabre dhonneur en signe de respect et de reconnaissance à légard du protecteur et ami couvert de lauriers, de la Grèce.
Voilà pourquoi larrivée de Franchet dEspèrey en notre ville prit le caractère de fête nationale.
4 - Journal Extraits du journal turc de Salonique du 22 Août 1919 HAVADIS
(Organe de la communauté musulmane de la Macédoine grecque)
Par le coup mortel quil a porté à larmée bulgare, le glorieux commandant en chef des armées alliées dOrient a été le premier à faire voir au monde le soleil de la paix dont lhumanité entière a besoin.
Par ses dispositions humanitaires, reflétant fidèlement la noble âme française, cette grande physionomie militaire a forcé avec ses plus brillantes victoires, le respect et la sympathie de toutes les nations de lOrient victorieuses et vaincues.
Cette respectueuse et sincère sympathie, manifestée à légard de ce grand soldat de la grande armée française, constitue en même temps une marque éternelle de lattachement inébranlable de tout lOrient envers la France.
A cette occasion, nous adressons respectueusement, au nom de nos lecteurs musulmans, au vénérable chef, nos voeux de bienvenue.
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