1909 à 1927 - De la Manche au Sahara avec des hommes daction aux commandes
Mis à jour le 04/08/2023
I - Le lieutenant-colonel Jean-Baptiste Estienne et laéronautique entre 1909 et 1914
Louis Blériot traverse la Manche sur un Blériot XI équipé dun moteur rotatif tri-cylindre Anzani de 25 CV en Juillet 1909.
Bétheny - Août 1909 - Photo Collection J & CDG
Montage photo d'époque, sur une double page du programme, montrant tous les types d'appareil présentés
Le mois suivant, en Août, la foule accourt sur le terrain de Bétheny pour assister à la Grande semaine daviation de Champagne placée sous le haut patronage du Président de la République Armand Fallières, du président du Conseil Aristide Briand et du ministre de la Guerre le général Brun.
Certains des pilotes et appareils présentés sont déjà bien connus du public: Robert Esnault Pelterie sur monoplan REP, Louis Bréguet sur Bréguet repliable, Louis Blériot sur monoplan Blériot, Paul Tissandier sur biplan Wright, Hubert Latham sur monoplan Antoinette, Henry Farman sur biplan Farman .
Le premier prix du Grand prix de la Champagne et de la ville de Reims est de 50 000 francs (soit 193000 euros 2014 daprès INSEE.
On peut considérer comme un triomphe de voir un avion arriver à voler en ligne droite puis à tourner autour dun mât écrit dans ses carnets de route le général dEspèrey venu en visiteur un dimanche alors quil est en manoeuvres à Mailly avec la 77e brigade.
Blériot XI - Photo Collection J & CDG
En 1910, le lieutenant-colonel Estienne (X - promotion 1880) dirige à Vincennes le Service de laviation militaire avec un budget de 240 000 francs (soit 840 000 euros 2007 daprès www.insee.fr).
Le général Brun, ministre de la Guerre, lui a donné la mission détudier les appareils existants (Wright, Henry Farmann, Blériot, Antoinette) présentés à Bétheny et de définir les besoins interarmes pour pouvoir orienter les industriels en matière de Recheche & Développement.
Strasbourg - Juillet 1909 - Photo Collection J & CDG
Carte postale du Zeppelin LZ 5 au dessus de la place Kléber à Strasbourg
Les Allemands sont très actifs dans le domaine des dirigeables type Zeppelin (1er vol du LZ 5 en Mai 1909). Cest une préoccupation majeure pour le ministre de la Guerre et pour lopinion publique qui noublie pas que depuis 1870, lAlsace et la Lorraine sont toujours de lautre côté de la frontière, cest à dire très proches de la France.
Pour se renseigner sur ce qui se passe là-bas, rien de tel que daller assister aux parades militaires annuelles du XVIe corps allemand. Il suffit de demander une autorisation au Stadthalter de Strasbourg et de la faire viser à son arrivée par la Kommandantur. Cest ce que font le général dEspèrey avec quelques officiers, un dimanche matin de Juillet 1910. A cette occasion, ils voient le dirigeable LZ 5 et ramènent des cartes postales à leurs enfants.
Le Lcl Estienne, entouré dautres officiers passionnés et créatifs, croit à lutilité des avions en général pour le bombardement (lâcher dobus au-dessus des zeppelins, de paquets de fléchettes au-dessus des troupes au sol) et à celle du monoplan en particulier pour lartillerie.
Conscient des faiblesses du Blériot XI monoplace, il sintéresse à des vols courts de reconnaissance et au réglage des tirs; ces deux missions peuvent être effectuées par un même homme, le pilote. Le lieutenant Bellenger qui fait partie de son service, partage ou initie ce dernier point de vue. Il en démontre brillamment la justesse lors des manoeuvres de Picardie en 1910.
Gravure Le passage du gué - Pièce de 75 mm - Photo Collection J & CDG
Les régiments dartillerie de lépoque comptent autant de chevaux que dhommes soit un effectif de 2 fois 1800; sur les 1800 chevaux, 900 doivent arriver à la mobilisation. Un canon de 75 mm avec son caisson à munitions nécessite 6 chevaux.
Il faut donc pouvoir engager lavion au plus près des batteries et sur le même pied, même là où le terrain est particulièrement boueux et bouleversé.
Remorque davion hippomobile Henri Lavedan - Photo Collection Boniface & Jeudy
Le Service de laviation militaire choisit donc initialement des remorques hippomobiles de transport - le cheval passe là où lautomobile sembourbe - et un appareil facilement démontable et remontable rapidement, le Blériot L XI à ailes repliables.
En 1911, le général dEspèrey note dans son carnet de route à la date du 2 Juillet lors dun voyage en Allemagne: Arrivée à Kassel,... beaucoup de monde venu pour voir les aéroplanes arrivant de Dortmund.
Il sagit du Circuit européen de laviation organisée par le Petit Journal: 1710 kilomètres, 19 villes où se poser, départ de Vincennes avec arrivée à Reims, 41 équipages au départ, 9 à larrivée. Jean-Louis Conneau dit André Beaumont remporte la course sur Blériot XI en 21 heures de vol effectif. Il sera linstructeur de Guynemer à lécole de Pau.
Roland Garros et Léon Lemartin (pilote dessais de la maison Blériot) participent également à cette course sur Blériot XI. Pris dans une bourrasque de vent, Lemartin se tue au décollage de Vincennes en cherchant à éviter de tomber sur les spectateurs. Heureusement, en Août 1910, Blériot lui avait fait signer un contrat de pilotes dessais: ...En cas de mort par accident, une somme de 32 500 francs sera versée à sa veuve ou ses ayants droits.
En Octobre 1911, le général Lyautey, commandant supérieur des confins algéro-marocains, demande à Julien Serviès - créateur dune ligne dautobus entre Oran et Mostaganem, pilote civil et propriétaire dun Deperdussin - de faire des reconnaisances dans la région non pacifiée dOujda.
En Mars 1912, il découvre des rassemblements dissidents près de Guercif et contribue au succès de lopération de retour au calme.
Grandes Manoeuvres de 1912 - Photo Collection Aéroclub de Touraine
Remorque St Chamond - Clavel, Blériot XI, Cne Bellenger
1912 est l'année de la naissance de l'aviation militaire en France et en Serbie (voir Chronologie ).Les grandes manoeuvres de 1912 montrent que le plus important pour lavion par rapport à lartillerie est de fournir, au PC du corps darmée ou de la division, les renseignements permettant de monter la manoeuvre des feux. En effet, ce PC dispose dun des trois régiments dartillerie de la brigade dartillerie du corps darmée servant à développer un effort sur un axe particulier.
Même foi en laviation naissante de la part dAndré Michelin, le fabricant de pneumatiques qui crée en 1912 le prix spécial de lAéro-cible - 10 000, 25 000, 50 000 francs (soit 30 000, 75 000, 150 000 euros 2007 daprès www.insee.fr) -, pour favoriser la recherche et le développement en matière de lance-bombe monté sur avion.
Friedrichshafen - Photo Collection J & CDG
Hangar à zeppelin - LZ 5
La cible installée à Mourmelon a exactement les dimensions - 120 m x 15 m - des hangards à Zeppelin de Friedrichshafen sur les bords du lac de Constance. Pour remporter le prix il faut réussir à y placer 15 obus de 75 mm en volant à 800 mètres.
Au Maroc, en 1912, ces mêmes Blériot XI sont utilisés en reconnaissance par lEM du général Lyautey - Résident Général - sur certains axes de caravane, pour rechercher les bandes dissidentes du Guellouli.
Mogador - Décembre 1912 - Photo Collection J & CDG
Compte-rendu du Lt Do-Hu-Vi (à pied) à dEspèrey (sur cheval noir)
Deux BLERIOT XI devant leur tente-garage au 2e plan
A Mogador, dans le Sud marocain, le général dEspèrey, commandant les Troupes du Maroc Occidental, descendu avec des renforts pour réprimer la révolte du caïd Abderrahman-el-Guellouli écrit dans ses carnets de route:Le lieutenant Do-Hu-Vi embarque le 19 Décembre 1912 à Casablanca sur le Mingrélie avec son Blériot arrimé sur le pont au milieu des chevaux, des canons et des hommes, son hélice soigneusement protégée par un canapé du salon des premières.
Sur la piste vers Dar-el-Cadi - 20 Janvier 1913 - Photo Collection J & CDG
Lt de la Morlais arrive de Casablanca en BLERIOT XI pour amener un message de Lyautey
LEM du général Lyautey envoie le lieutenant Do-Hu-Vi pour faire des vols de reconnaissance. Il est même rejoint le 20 janvier 1913, par le lieutenant de la Morlais arrivant directement de Casablanca avec son Blériot XI pour donner un petit courrier officiel à dEspèrey
Sur la piste vers Dar-el-Cadi - 20 Janvier 1913 - Photo Collection J & CDG
Lt Desneux (Génie) notant un message chiffré reçu par TSF de Lyautey à Casablanca
DEspèrey reçoit en effet avec un poste de TSF du Génie des messages chiffrés de Lyautey quil classe soigneusement en attendant davoir le temps de les décrypter ... !
Grandes Manoeuvres de 1913 - Photo Collection Boniface & Jeudy
Camions Panhard et De Dion-Bouton, remorque aviation Saint-Chamond-Cladel, camions Delahaye
Aux grandes manoeuvres de 1913, les caissons et canons de 75 mm sont toujours tirés par des chevaux; ils se déplacent sur routes et chemins entre deux positions.
Lavion est transporté par camion automobile et remorque au plus prêt de la ligne de contact. Il est alors capable de fournir au plus vite du renseignement sur lennemi repéré et sur les zones dimplantation possible de batteries. Le pilote peut règler ensuite les tirs lorsque les batteries sont installées.
En Août 1914, la situation des effectifs dun régiment dartillerie divisionnaire (3 groupes de 12 canons de 75 mm) indique toujours une moyenne de 1800 chevaux pour 1800 hommes et 36 canons avec leurs caissons à munition. Le régiment dartillerie du corps darmée a un groupe de plus.
Général Jean-Baptiste Estienne - Photo Collection Arlette Estienne-Mondet
A la mobilisation en Août 1914, le lieutenant-colonel Estienne quitte son poste de chef du Service de laviation militaire de Vincennes pour celui de chef de corps du 22e dartillerie en garnison à Versailles (6e DI - Paris; 3e CA = 3e RM - Calvados, Eure, Seine-Inférieure). Il rejoint les 36 canons de 75 mm de son régiment avec le matériel en cours dexpérimentation quil juge pouvoir être le plus utile: monoplans Blériot XI à ailes repliables sur remorques St Chamond - Cladel tirées par des camions Panhard ou Delahaye.
Le général dEspèrey écrit dans ses Mémoires, à la date du 4 Septembre, jour où, venant du 1er Corps dArmée, il remplace le général Lanrezac à la tête de la 5e Armée:
....Deux lieutenant-colonels se présentent après létat-major. Le Lcl Ganter est le chef du Service de laviation de larmée; en lespèce, il joue le rôle dun garagiste fournissant un avion et un pilote prêt à exécuter une mission; il dispose dune trentaine dappareils. Les escadrilles correspondantes sont à la disposition du Lcl Chabord , chef du Service des reconnaissances aédiennes, relevant directement du 2e bureau (Renseignements) et disposant de 4 ou 5 officiers, brevetés ou non, ayant fait des stages et qualifiés observateur....
.... Comme commandant de CA, jai vu les avions allemands signaler nos positions de batteries et je nai jamais reçu le moindre appui des avions français. Aussi je décide que les jours de bataille, deux avions (biplans Caudron Monoplace du Cne Girard) seront mis à la disposition de chaque général commandant lartillerie des CA. Malgré la grande bonne volonté des aviateurs, le rendement sera médiocre; rien ne simprovise, à la guerre moins quailleurs.
...Jignore quau 3e CA, le colonel Estienne, commandant le 22e dartillerie (divisionnaire) a été autorisé à emmener sur des remorques des avions spéciaux, ailes repliées, aptes à suivre lartillerie. Du reste cette escadrille susera très vite et ne sera pas remplacée....
Le chef du Service des reconnaissances aériennes, le Lcl Chabord, relève directement du 2e bureau (Renseignements) de larmée où il adresse ses rapports. Quand Girard me quitte, je modifie cette dépendance et substitue le 3e bureau (Opérations) au 2e....
Le Cne de Rose, adjoint du chef du Service de laviation de larmée, le lieutenant-colonel Ganter, a un petit monoplace avec lequel il atterrit sur tous les terrains; il rend ainsi de grands services car ses renseignements arrivent à temps.... Le commandant Barès, pilote, reçoit le commandement du Service (de laviation au GQG); mes deux lieutenant-colonels (Ganter, Chabord) me quittent pour prendre chacun un régiment dinfanterie et le capitaine de Rose prend la direction de laviation de larmée.
Le 6 Septembre 1914, le jour de la bataille de la Marne, le général dEspèrey a donné au 3e CA (5e et 6e DI) la mission dappuyer le 18e CA (35e et 36e DI) pour enlever Courgivaux. Il écrit dans ses carnets de route:
... je pars voir les troupes du 3e CA qui minquiète le plus et rejoins leur chef le général Hache sur le chemin de Bouchy - Saint-Genest. Beau spectacle: la longue ligne dartillerie - Artillerie du 3e CA, Artillerie de la 5e DI de Mangin - tirant sur Courgivaux; en avant, une contre-attaque allemande arrêtée par lénergie de Mangin.. Nous sommes à genoux derrière les meules de paille... A cette époque, on ne craint pas encore les bombardements aériens.
Il ny mentionne pas lintervention des avions de son armée (2 escadrilles monoplan Deperdussin: D4, D6; 1 escadrille biplan Nieuport: N12 (deviendra la MS12 sur monoplan Morane Saulnier); 1 escadrille biplan Voisin: V24; 1 escadrille biplan Caudron monoplace: CM) bien quil soit un des rares généraux à avoir déjà utilisé directement des avions au Maroc.
Il est probable que venant de prendre le commandement dune armée en retraite qui est, sur la Marne, au centre de la première bataille darrêt de la guerre, il soccupe en priorité de ce qui est le plus urgent: passer de la manoeuvre darrêt à loffensive vers Reims. Ce nest quaprès la bataille de la Marne, quil a le temps de modifier lorganisation de son aviation en donnant lemploi de celle-ci à son bureau opérations.
II - Les frères Estienne, laéronautique et les transsahariennes entre 1922 et 1927
Engagé à 18 ans à la déclaration de guerre, en Août 1914, Georges Estienne est passé dans laviation en 1915. Pilote aux escadrilles N 12 puis N 49, il est spécialisé dans la reconnaissance et photographie en particulier les usines zeppelin à Friedrichshafen.
Autochenille CITROEN à chenilles KEGRESSE - Photo Collection J & CDG.
En 1922, son père le général Estienne sintéresse aux véhicules pour assurer la logistique au travers du Sahara entre AFN et AOF (chenilles Kégresse de Citroën, roues jumelées de Renault). Le Lt Georges Estienne fait partie de la mission Citroën (autochenilles) de George-Marie Haardt et Audouin-Dubreuil. Du 17 Décembre 1922 au 7 Janvier 1923, il effectue de Touggourt à Tombouctou sur le Niger, la première traversée du Sahara, en passant par In-Salah, le Hoggar et Tamanrasset (voir plots en noir du schéma).
Suite à cette traversée, il pense quun autre passage plus propice à lautomobile et à la voie ferrée est possible plus à lOuest en utilisant le plateau du désert des déserts, le Tanezrouft (voir plots en jaune sable) du schéma cartographique).
En 1923, Gaston Gradis (X promotion 1910), administrateur de la Société française pour le commerce avec les colonies et létranger (son père en est de directeur), directeur de la Société aéronautique Nieuport à Issy-les-Moulineaux, crée la Compagnie Générale Transsaharienne (CGT).
Son but est détablir une liaison régulière entre lAfrique du Nord et le Niger en utilisant dabord la complémentarité de lavion (Nieuport, Breguet XIV) et de la voiture (Renault 6x6, Citroën Kégresse) ou du camion, puis si tout va bien en construisant une voie ferrée.
La CGT charge le lieutenant Georges Estienne deffectuer avec quatre Citroën à chenilles Kégresse, une nouvelle traversée du Sahara, mais cette fois plus à lOuest, en passant par le Grand Erg Occidental puis le Tanezrouft (voir plots en vert et en jaune sable):
Timimoun, Adrar, Reggane, le Tanezrouft, Tessalit et Bourem sur le Niger.
Nieuport à ailes repliables du Lt Georges Estienne - Photo Collection Arlette Estienne-Mondet
Lexpédition part le 9 Novembre 1923 avec en remorque un avion Nieuport à ailes repliables pour trouver les zones de reg dur propices au passage automobile dans le Grand erg occidental. Il remplit son rôle jusquà ce que le crochet de la remorque Nieuport, trop sollicité dans les fortes pentes des dunes, cède à lextrémité Sud Ouest du Grand erg. La remorque et son Nieuport sont laissés à la garde du poste dAdrar.
Schéma cartographique Collection J & CDG
Iitinéraires suivis par les CITROEN à chenilles Kégresse et les RENAULT 6x6
Un an plus tard, du 9 Novembre au 1er Décembre 1924, entre Colomb Béchar et Bourem, Georges Estienne recommence. Cette fois cest pour faire la traversée du Sahara en utilisant la vallée de lOued Saoura (voir plots en bleu) et le Tanezrouft (voir plots en jaune sable).
La chenille est abandonnée car trop fragile: lors des deux expéditions précédentes toutes les chenilles de rechange ont été utilisées par les autochenilles Citroën.
Les véhicules choisis sont des RENAULT 6 x 6 à roues jumelées (pneus basse pression) et à deux essieux moteurs; larmée utilise déjà de nombreux camions Renault.
Aïn Sefra - 13 Novembre 1924 - Photo Collection J & CDG
Gaston Gradis (béret), Cdt. X (?), Cdt Ihler, Cel Dinaux, Mal Franchet dEspèrey, Lt Estienne, Bachaga Si-Moulay, maire X (?)
Il accompagne, comme guide:
- Gaston Gradis;
Guerzim - 15 Novembre 1924 - Photo Collection J & CDG
Formation en carré des RENAULT 6x6 pour le bivouac avec la tente du maréchal au centre
- le capitaine Henri de Kerillis (engagé volontaire en 1908 au 20e Dragons; promu sous-lieutenant au 16e Dragons en 1912; part en campagne le 2 Août 1914 comme adjoint du lieutenant de Gironde et joue un rôle déterminant dans le raid à cheval de lescadron contre une escadrille allemande posée à terre le 9 Septembre 1914; blessé, arrive à regagner les lignes; par la suite, passe dans laviation où il prend part à de nombreux combats aériens et à des missions de bombardements (Karlsruhe en Juin 1916); capitaine en 1918, il poursuit sa carrière militaire dans laviation) futur auteur du livre De lAlgérie au Dahomey en automobile rendant compte de cette transsaharienne ;
- le maréchal Franchet dEspèrey, Inspecteur général des troupes dAfrique du Nord, (voir Raid au Sahara ...1924 ... 6x6 Renault ...d'Espèrey ), directement intéressé par louverture et le contrôle de nouveaux axes logistiques entre lAfrique Occidentale Française et lAFN (pénétrantes), la Tunisie et le Maroc (rocades); en Mars 1933, dEspèrey sera victime dun très grave accident sur une 15 cv Citroën, vers Gafsa, au début dune traversée Est Ouest du Sahara (départ de Gabès en Tunisie, arrivée au Maroc vers Ksabi (?)) organisée par Louis Audouin-Dubreuil sur trois berlines Citroën.
Marrakech - 1926 - Photo Collection J & CDG
Cdt Dormio ( Breguet XIV du 36e Régiment dAviation) et Mal Franchet dEspèrey en inspection à Marrakech
Pour bien montrer la complémentarité AVION / AUTOMOBILE - PISTE / POSTE à développer au profit des habitants des oasis et des postes des compagnies sahariennes dont la mission est de neutraliser les pillards et de soigner la population locale grâce à son toubib, le lieutenant Paolacci, commandant le groupe Breguet du 36e régiment daviation installé à Oran - La Senia (Algérie) vient avec trois de ses Breguet 14, deux fois de suite, en se posant sur le terrain déjà reconnu dAdrar le 17 Novembre avec un journaliste du Chicago Tribune puis sur le nouveau terrain dOuallen le 19 Novembre avec du ravitaillement pour le poste qui sert aux goumiers de passage.
En effet, Paolacci travaille à une liaison aérienne entre lAfrique du Nord et le Niger. Il établit chaque année une nouvelle piste datterrissage à côté dun poste existant, situé à proximité du même axe logistique: Béni Abbès (1922), Traourit (1923), Ouallen (1924). Lavion permet dintervenir rapidement sur appel radio.
Parti de Béchar le 12 Novembre 1924 par la route, Estienne, Gradis et dEspèrey arrivent à Savé au Bénin (Dahomey) le 4 Décembre après avoir parcouru environ 3 600 km en Renault 6x6. Les Renault repartent vers Oran par la route avec le Lt Georges Estienne. Gradis et dEspèrey prennent le train pour Cotonou et embarquent le 9 Décembre sur le paquebot Asie.
A partir de 1926, le Lt Georges Estienne, secondé par son frère René, balise cette route du Tanezrouft en mettant tous les 50 kilomètres un bidon indiquant une réserve deau. Le premier porte le numéro 1 et se trouve au Nord de Tessalit; le 5e, Bidon V, est à 500 km de Reggane.
En 1927, la CGT inaugure le premier service régulier transsaharien par automobile sur litinéraire Colomb Béchar, Reggane, Ouallen, Tessalit, Gao. René Estienne est tué à 27 ans par un djich (bande de pillards) au mois de Mai.
* *
La nécessité de trouver, par une approche concrète sur le terrain, la solution à des problèmes faisant appel à plusieurs domaines de compétence, réuni la famille Estienne - un père (X promotion 1880), deux fils (un engagé en 1914 devenu pilote, son frère qui a 18 ans à la fin de La Grande Guerre) - et des chefs dentreprise:
- Louis BLÉRIOT (Centrale promotion 1895),
- Henri et Maurice FARMAN (plusieurs records du monde en bicyclette leur donnent les moyens de faire de la course automobile et après un accident de se tourner vers le ballon puis lavion),
- André MICHELIN (Centrale promotion 1877),
- André CITROEN (X promotion 1898),
- Louis RENAULT (passionné de mécanique, abandonne ses études après le baccalauréat passé au lycée Condorcet),
- Gaston GRADIS (X promotion 1910).
De leurs expériences et connaissances complémentaires naît une solution provisoire que dautres viendront perfectionner.
Une conclusion possible à tirer de ce survol historique est celle donnée par Kerillis. Après la sortie de son livre sur la transsaharienne Renault, il demande, dans une lettre de Juillet 1925 à dEspèrey, une photo dédicacée à ranger avec dautres.
Il y évoque le désir de laisser en héritage à son fils de simples photos dhommes qui ont fait lhistoire. A charge pour ce dernier de sinformer de ce qui restera de leurs actions et de réfléchir lorsque viendra le moment de choisir une ligne de conduite et un métier.
Maintenant grâce à Internet, tout est plus simple pour permettre aux petits-enfants de ces hommes qui ont fait lhistoire de se renseigner sur ce qui reste des actions de leurs aïeux:
- ils peuvent taper Sahara CLRT dans un moteur de recherche;
- ils peuvent regarder sur GOOGLE EARTH (logiciel gratuit à télécharger) doù à où les routes nationales ont remplacé les pistes au Sahara et ce que sont devenus les terrains daviation du Lt Paolacci.
Ils apprendront quen Avril 2007, Mohamed Ayadi, secrétaire général du Comité de Liaison de la Route Transsaharienne Alger - Lagos qui réunit 6 pays - Algérie, Tunisie, Mali, Niger, Nigéria, Tchad - a annoncé quenviron 7.000 kilomètres avaient été réalisés et quil en restait 2.800 à faire.
Le Nigéria a complètement achevé sa partie de transsaharienne entre Lagos et Kano.
Ce même secrétaire a déclaré en Novembre 2008 quil y avait encore 400 kilomètres à faire de Tamanrasset (Algérie) vers Zinder (Niger) et que la portion Tamanrasset - Gao était toujours en état de piste (380 km en Algérie, 700 km au Mali).
Deux projets se sont greffés sur cette transsaharienne: le gazoduc Lagos - Alger à lhorizon 2015, et une liaison par fibre optique entre les 6 pays du CLRT.
En Janvier 2009, sils survolent, les différents itinéraires suivis par les autochenilles Citroën et les 6x6 Renault, sur les photos satellites de GOOGLE EARTH, ils verront apparaître, en Algérie, des routes nationales, la N6 à lOuest et la N1 à lEst, en Tunisie la P3, là où dans les années 1920, il ny avait que de simples pistes.
La N6 sarrête au Tanezrouft et se prolonge par la piste indiquée en 1923 par Baba Ould Abidine (guide du capitaine Charlet, commandant de la compagnie méhariste du Tidikelt en 1912) au Lt Estienne, vers Ouallen, Bidon V et Tessalit. Cette piste reste toujours très bonne car le vent oeuvre comme un cantonnier naturel sur le reg, il comble à la longue les ornières laissées dans le sol par un véhicule lourdement chargé disait Estienne.
Laventure et laction continuent. Un nouveau problème est apparu: comment contrôler le flux migratoire Sud - Nord sur ces axes lorsquils seront terminés ?
CDG:-)
PS: Merci de donner remarques, idées ou le bonjour encliquant ci-dessous:
christian.degastines@orange.fr
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