Wanadoo, le 15 Juin 2005
Le congrès de Vienne, la "poste", les bottes de 7 lieues et Internet haut débit.
Mis à jour le 23/08/2023
En 1814, François Franchet d'Espèrey sort de la prison parisienne de Ste. Pélagie où il est enfermé pour menées anti-bonapartistes.
Voici ce qu'il raconte dans ses mémoires:
"Le Congrès de Vienne doit se réunir avant la fin de l'année 1814 pour le réglement des intérêts de l'Europe compromis par les guerres de la République et de l'Empire, et pour l'établissement de la paix générale. Le Roi nomme ambassadeurs extraordinaires pour l'y représenter, le prince de Talleyrand, le duc de Dalbert, le marquis de la Tour du Pin Gouverney et le comte Alexis de Noailles auxquels il donne, pour toute instruction, ces deux mots "Suum cuique" ( à chacun le sien).
J'accompagne le comte de Noailles en qualité de secrétaire particulier pour me conformer au désir de Monsieur frère du Roi.
Les conférences sont déjà ouvertes quand nous arrivons à Vienne le 1er Novembre. Le prince de Talleyrand y prend l'ascendant que depuis 1648 (1), la France a toujours eu dans les congrès européens."
Une des pemières choses que fait François Franchet d'Espèrey est d'organiser la transmission des lettres et de calculer leur temps de transit entre Vienne et Bruxelles, Gand et Paris destinations possibles des "comptes-rendus" de Talleyrand au Roi (2).
L'unité de calcul est la "poste", distance en lieue "de France" (4 km) qui sépare deux relais de poste où l'on trouve des chevaux de rechange et de quoi se restaurer. La "poste" varie: de Vienne à Coblence elle est de 4 lieues, de Coblence à Bruxelles, Gand et Paris elle ne fait plus que 2 lieues.
Après avoir recensé tous les relais de poste entre Vienne et les destinations possibles puis fait les calculs, il s'aperçoit qu'il faut environ entre 17 jours à un messager (voyage de jour, au pas ou au trot) et 9 jours à un courrier de la poste aux lettres (voyage de jour et de nuit, priorité pour les chevaux) pour parcourir les 1.546 km séparant Vienne de Paris en utilisant les itinéraires avec relais.
Il en conclut que les "compte-rendus" de Talleyrand au Roi seront très peu nombreux. Heureusement, connaissant ce problème de communication, le Roi a laissé à Talleyrand une totale initiative pour négocier avec une seule directive "Suum cuique" ( à chacun le sien).
A l'époque de Charles Perrault (1628 - 1703), la "poste" est de 7 lieues (28 km) d'ou l'idée, en pensant aux bottes des postillons ou des courriers, de donner des bottes de 7 lieues à ses personnages pressés d'arriver à destination. Au XVIIIe siècle, la "poste" passe à 4 lieues (16 km).
Si François Franchet d'Espèrey avait pu donner des bottes de 7 lieues (ou de 4 lieues) à ses courriers, il aurait pu mettre en communication le Roi et Talleyrand plus vite qu'avec Internet haut débit en ADSL (3)!
Talleyrand n'aurait sans doute pas beaucoup apprécié cette facilité de transmission et les résultats du congrès de Vienne auraient été peut-être différents.
(1)1648 - Traité de Westphalie : fin de la guerre de Trente ans en Allemagne, soutenue par Louis XIII puis Louis XIV.
(2) Relevé des relais avec bilan en lieues (4 pages): page 1 - Vienne à Ratisbonne, page 2 - Rastisbonne à Francfort, page 3 - Francfort à Bruxelles, page 4 - Bruxelles à Paris et Gand
(3) En prenant comme base de calcul une enjambée toutes les secondes, la vitesse d'un messager utilisant des bottes de 7 lieues (4 lieues) est de 3.600 x 7 (ou 4) x 4km = 100.800 (ou 57.600) km/h soit la vitesse de Mach 100 (ou 58).
CDG:-)
PS: Merci de donner remarques, idées ou le bonjour en cliquant ci-dessous:
christian.degastines@orange.fr
Retour à SOMMAIRE