Les quatre fronts du Moyen-Orient pendant la 1ère guerre mondiale
Mis à jour le 23/08/2023

Origine - Le pétrole remplace le charbon sur les destroyers britanniques et devient un bon placement pour les financiers allemands

En 1911, Asquith, premier ministre, nomme Churchill premier lord de l’Amirauté en lui donnant comme mission de maintenir la suprématie de la flotte britannique face au développement de la flotte allemande.
Churchill ayant compris que le pétrole - combustible, recherche pétrolière, gisements - est l’enjeu stratégique du XXe siècle commence à faire passer la marine britannique du charbon au pétrole pour lui donner vitesse et puissance. Le charbon du pays de Galles va être remplacé rapidement par le pétrole de l’Anglo-Persian Oil Company venant de Perse (Iran).
Les financiers allemands s’intéressent également au pétrole; la Deutsche bank prend une participation dans la Turkish Petroleum Company (TPC) ; en 1912, la TPC est détenu pour 1/4 par Royal Dutch Shell, 1/4 par Deutsche bank et 1/2 par Turkish National bank.
Quelques hommes politiques britanniques élaborent une stratégie pour protéger le canal de Suez tout en développant les sources d’approvisionnement.


L’empire turc ottoman


A partir du Xe siècle, les envahisseurs turcs venus du Turkestan - Kazakhstan, Kirgihizistan, Ouzbékistan, Tadjikistan, Turkménistan - provoquent le déclin rapide des empires arabes. Ils s’emparent du pouvoir en Orient en commençant par Bagdad et créent un empire turc ottoman qui atteindra son apogée avec le siège de Vienne en 1529 : un petit pain en forme de croissant est créé à cette occasion par un boulanger viennois qui, ayant entendu les Turcs creuser une mine pour ouvrir une brèche dans le mur d’enceinte de la ville, donne l’alerte et permet par une sortie en masse de battre l’assiégeant.
Jusqu’au XIXe siècle, le Proche-Orient arabe conserve le découpage réalisé par l’empire turc ottoman, en provinces administrées par un pacha: Hasa (littoral Est de l’Arabie), Bassora, Bagdad, Mossoul, Alep, Damas, Tripoli, Saïda, Egypte (le pacha porte le nom de Khédive).


Prélude du partage de l’empire turc ottoman

La France est impliquée depuis les Croisades en Palestine pour défendre le tombeau du Christ à Jérusalem. En 1861, elle débarque des troupes à Beyrouth au Liban pour défendre les chrétiens liés à Rome contre la domination des troupes du Khédive.
Les Russes voulant protéger aussi les orthodoxes et les britanniques les druzes, la région du Mont Liban dont Beyrouth est exclue, devient le “Mutessarifat” autonome du Liban, sous contrôle international.



Le partage de l’empire turc ottoman

Au début du XXe siècle, la première guerre mondiale provoque le changement radical de la situation.
En 1902, Ibn Saoud est maître de Riyad et du Nejd; en 1913, il contrôle le Hasa mais n’arrive pas à convaincre les Anglais de le soutenir face aux Turcs.
En Mai 1914, les Turcs reconnaissent la souveraineté d’Ibn Saoud sur le Nejd et le Hasa. Hussein , rois du Hedjaz, reconnaît la suzeraineté turque; Muhammad-al-Idrissi pour l’Assir et Yahya pour le Yemen font de même vis-à-vis des Turcs.
En Novembre 1914, la Turquie entre en guerre contre le Russie, la Grande-Bretagne et la France. Les navires de la Royal Navy ayant été les premiers à partir de 1912 à remplacer le charbon par le pétrole comme source d’énergie, la Grande-Bretagne a déjà pris les devants en occupant le port de Bassora pour protéger une de ses sources d’approvisionnement en pétrole,
En Décembre 1914, le Khédive appelle les Égyptiens au soulèvement contre les britanniques; la Grande-Bretagne décide alors d’établir un protectorat sur l’Égypte pour protéger le canal de Suez et la route des Indes.
La Russie pour pouvoir se ravitailler dans les ports européens par des eaux libres de glace, veut contrôler les détroits du Bosphore et des Dardanelles pour que ses navires puissent passer de la mer Noire à la Méditerranée.

En 1915, la France revendique officiellement la Syrie avec la Cilicie et la Palestine; la Grande-Bretagne veut annexer Bassora et envisage la création de califats arabes dans le “croissant fertile” - côtes de la Palestine, du Liban, de la Syrie et vallées de l’Euphrate et du Tigre - et dans l’Arabie pour stabiliser une région permettant de contrôler aussi bien la Méditerranée orientale avec le port de Beyrouth, que la Mer rouge avec le canal de Suez, que le Golfe persique avec le port de Bassora au débouché des zones de concession de recherche pétrolière.

Le cherif de La Mecque, Hussein, sous tutelle turque, est intéressé par cette idée de califats arabes à condition que la Grande-Bretagne et la France donnent l’indépendance aux pays arabes à créer à partir des pays existant déjà, mais sous tutelles turque, française et britannique.
La Grande-Bretagne fournit une aide militaire à Muhammad-Al-Idrisi (région de l’Asir le long de la Mer Rouge, au Nord du Yémen) pour qu’il entre en lutte contre les Turcs et signe en Décembre 1915 un traité avec Ibn-Saoud (Nedjd avec Riyad et côte Hasa du golfe persique) qui se dégage ainsi de la suzeraineté turque.

En 1916, la Grande-Bretagne arrive à convaincre Hussein de déclencher en Juin une révolte arabe et de se proclamer roi du Hedjaz. Les Turcs sont obligés de quitter La Mecque et Djeddah mais conservent Médine.
La France et la Grande-Bretagne négocient dans le “croissant fertile”, l’accord Sykes-Picot qui prévoit la création de zones de contrôle française (littoral de Syrie et du Liban), britannique (Mésopotamie), russe (lac de Van), elles-mêmes partagées en deux: contrôle direct, influence.

En 1917, la Grande-Bretagne dont le sol national n’est pas directement menacé, a la possibilité de développer au Moyen-Orient une politique visant à orienter à son profit le nouvel ordre qui s’élabore dans le monde arabe.
En Février, les Turcs sont obligés d’évacuer Kut-el-Amara à 200km au Sud de Bagdad sur le Tigre et les troupes du général Maude entrent à Bagdad en Mars; ce dernier proclame l’intention de la Grande-Bretagne “d’établir à Bagdad un gouvernement national irakien après la guerre.” Par contre, les forces anglaises sont repoussées à Gaza.
En Avril, la France forme un détachement de 4.000 hommes (spahis, tirailleurs) sous le commandement du colonel de Piépape pour marquer son intention de suivre les évènements au Hedjaz (Mission Militaire Française au Hedjaz - MMFH).
En Juillet-Août, les forces arabes de Fayçal, un des fils de Hussein, opèrent contre les Turcs à partir de l’actuelle Jordanie.
En Décembre, Jérusalem est occupé par les Britanniques.

En Septembre - Octobre 1918, une partie du détachement français de la MMFH - les tirailleurs du capitaine Pisani - est aux côtés du Camel Corps de Lawrence pour attaquer le flanc Est des IVe, VIIe et VIIe armées turques tandis que les Anzacs avec le régiment de spahis de Piépape attaquent Damas par le Sud permettant à Fayçal d’y faire une entrée triomphale le 1er Octobre avec Lawrence qui le proclame roi des Arabes.
L’offensive contre les Turcs est appuyée par une escadre alliée; la division navale de Syrie, commandée par l’amiral Varney, entre à Beyrouth le 7 Octobre en liaison avec le détachement du colonel de Piépape.
Après l’armistice signée par les Turcs le 30 Octobre à Moudros, les forces britanniques entrent à Alexandrette sur la Méditerranée et à Mossoul sur le Tigre.


Ainsi le partage de l’empire turc ottoman entre les trois alliés, France, Grande-Bretagne et Russie, est désormais prêt avec comme contre-partie le soutien de l’action de Hussein, de Fayçal et de Ibn-Saoud , c’est à dire l’aide au démarrage du nationalisme arabe avec création d’états arabes.
Ces états ne pourront compter désomais que sur l’identité arabe pour souder des populations de confessions différentes que la domination turque avait contraint à vivre ensemble en paix.


Photos du détachement français du colonel de Piépape


Les archives de Franchet d’Espèrey contiennent une centaine de photos prises au Proche Orient dans les zones suivantes:
1 - Egypte: Port-Saïd, Port Tewfick
2 - Soudan anglo égyptien: Port Soudan
3 - Hedjaz: Djedda, El Ouedj
4 - Jordanie: Akaba, El Quwairah, Maan, Oueida
5 - Syrie: Damas

Elles proviennent sans doute d’un officier (spahi ou tirailleur) du détachement du colonel de Piépape affecté en 1919 à l’armée d’Orient.



Schéma cartographique

Un schéma cartographique présente les régions où elles ont été prises.
Douze photos ont été sélectionnées et sont présentées avec les légendes figurant au dos.

Port-Saïd - 1917


“Consulat de France - Gal Bailloud remet la cravatte de commandeur au Cel Brémond”
BD Photos FDE 2806


“Vue du camp des travailleurs chinois destinés à la France”
BD Photos FDE 2808


“Torpillage du Calédonien des Messageries maritimes le 30 Juin 1917 - Cne Pisani, rescapé”
BD Photos FDE 2810


Akaba

“Vue générale; camp du détachement Pisani”
BD Photos FDE 2828


El Ouedj

“Gal Djafer Pacha (1) commandant en chef les troupes chérifiennes, Cne Pisani (2)”
BD Photos FDE 2845


Djeddah


“Le Gal Bailloud et le Cel Brémond passent à cheval dans le souk”
BD Photos FDE 2860


“Gorges de Ziddah - Défilé des tribus bédouines de l’émir Faïçal”
BD Photos FDE 2870


Oueïda (El Quwairah)



“Gouéra - Le Cne Pisani, commandant le détachement français et le Cel Ibrahim ben Tabit (Libanais)”
BD Photos FDE 2874


“Gouéra - L’émir Faïçal et le drapeau du Hedjaz”
BD Photos FDE 2875


“Gouéra - Le camp français - Détachement Pisani”
BD Photos FDE 2876


Damas


“Khan Younous - Cel de Piépape, Cne d’EM Gellé, Cne Pisani”
BD Photos FDE 2881


“Damas - L’entrée des souks - Cne Pisani”
BD Photos FDE 2884


CDG:-)

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PS: Merci de donner remarques, idées ou le bonjour encliquant ci-dessous:

christian.degastines@orange.fr

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