MONTMIRAIL, CAMERONE, TOM MOREL - une constante: pensée, parole, action
Texte et photos du 30/10/1990 mis à jour le 17/05/2024

 

Je participe aux activités "promotion" tous les 25 ans quand il m'est donné la possibilité de monter une opération amusante me changeant un peu de la routine quotidienne de mon travail: aider les vieux éléphants à transformer en beaux petits éléphants roses sous un ciel bleu, les souris grises dont ils accouchent!

Ma réflexion sur le sujet proposé "De la MONTMIRAIL à la TOM MOREL, pérennité d'un idéal ?" peut se résumer par une constante: pensée, parole, action.

Maintenant si vous voulez connaître le développement, l'idée maîtresse et les idées direcrices, il vous suffira de lire au deuxième degré le témoignage qui suit.

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Tout commence après un vol relatif début Août 1989 dans le ciel de Vannes, avec Munzenberger un ancien de la JEAN-PIERRE et avec Claude, un ami photographe en chute. A notre retour sur terre, en entrant dans la salle de pliage, nous croisons deux "jeunes" aux cheveux courts, arborant un magnifique tee-shirt bleu avec TOM MOREL marqué en lettres blanches.
Renseignements pris, comme on pouvait s'y attendre, ce sont des cyrards de la promotion filleule, Christian Vally et Benoist Vidaud.

Par association d'idées, je me suis dit qu'à l'occasion de la cérémonie de parrainage des 25 ans, on pourrait essayer de réunir en l'air et en chute les trois promos: un de la MONTMIRAIL en tandem sur un porteur qui serait "Job" un ancien Groufumaco, un de la CAMERONE, un de la TOM MOREL, total quatre, c'est à dire un avion de type CESSNA 185 qu'on trouve partout.

Vally et Vidaud sont bien sûr fanas.

De retour à Draguignan en Septembre, j'obtiens l'accord de principe de Pinatelle, le secrétaire promo. Le CB Ménard, directeur de la SMPS de Coëtquidan, me confirme qu'on peut parfaitement faire sauter en "meeting" Vally et Vidaud..
Fort gentiment, il me propose de nous associer dans le cadre de la SMPS, pour louer un avion, le faire décoller de la piste ALAT de Coët et sauter sur un des stades.
Rendez-vous est pris pour le dimanche 29 Octobre 1990 matin à la "passerelle".

Comme par hasard, à cette date, je termine des essais de navigation terrestre du côté de Nantes à la Sercel.
Je n'ai pas le temps de contacter la MONTMIRAIL pour trouver un volontaire tandem.

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Le dimanche en question, chez Ménard, je retrouve Pernet qui est prêt à nous accompagner dans cette aventure.
En effet, le ciel se couvre vite et le vent souffle fort. Au terrain de Rennes-St-Jacques d'oû doit décoller notre CESSNA 182 - un pilote, 3 paras - le temps est bouché mais le pilote estime qu'en suivant la voie ferrée, il pourra passer.

A 9h, l'avion se pose sur la piste. On démonte la porte. Le plafond est très bas: 700 à 800 métres. Le vent est à 45° de la piste, la biroute horizontale, l'air humide et froid..
Le pilote est très opérationnel: "pas de problème, on décolle à deux paras et on va chercher des trous dans la couche".
Ménard me donne un "siki" (le rouleau de papier, une fois déployé en l'air indique le sens du vent et sa vitesse).
J'embarque avec Vally pour une petite répétition. On grimpe à 600m, largage "siki", visualisation du point de posé puis recherche en continuant à monter vers 1200m de trous sur l'axe point de largage - cible en gravier.

Si nécessaire, on en fera un dans le bas de l'intérieur de la couche vers 800m!

Vally est en face de moi sur le siège arrière, ma pomme en copilote dos au tableau de bord (siège démonté). Il sait qu'il doit me suivre à 5 secondes.
Brusquement on devine le petit bois qui nous sert de point de largage. Il bruine légèrement, on est dans le gris des nuages; j'y vais, j'ouvre à la sortie de la couche; je regarde en l'air et repère la voile de Vally.

On dérive vraiment très vite. On va faire une PA (Précision d'Atterrissage) totalement en contre, c'est à dire face au vent et la cible derrière nous.
Mème avec nos ailes MAGNUM qui ont une vitesse de 10m/s, on recule. Le village "Bizard", l'école, la Grande Bosse, la cible de gravier dans le bout de la lande, tout est bien à sa place.
Dans les derniers mètres , vu le relief, le vent diminue tout d'un coup; Vally et moi nous posons en douceur dans la cible. Nous respirons un grand coup l'air chargé de souvenirs et d'odeurs de mousse, de feuilles. Etonnement de marcher sans béquilles.
On est dans un état second, comme en dehors du temps sur ce bout de lande bretonne. Je ne sais plus très bien si j'ai 47 ou 22 ans!

Charrier et Delbauffe nous croisent en voiture; ils vont revoir la Grande Bosse!
On fonce plier au réfectoire. Pendant ce temps la SMPS avec Ménard et son adjudant continue à sauter.

Rembarquement à 10h avec Vidaud en plus qui prend la place du carburant consommé. Cette fois c'est Vally qui est assis en copilote, Vidaud est à ma gauche sur le siège arrière.
Le vent est toujours très fort, le "siki" largué à 600m sur le stade de Gaulle se pose à l'entrée du cours "bazane". En reportant cette dérive à une altitude de départ de 1200m cela fait environ 4km de dérive voile ouverte au-dessus des arbres pour se poser sur le stade qui est lui-même dans les arbres.
C'est un peu trop risqué vu qu'on est là pour se faire plaisir!
Je prévois donc de donner le signal du départ de façon à être pratiquement sûr de nous poser du côté de l'ancien marchfeld juste dans l'axe du stade pour un départ à hauteur du pas de tir couvert. Là au moins, il y a l'embarras du choix pour arriver sain et sauf en étant certain de ne pas abîmer nos ailes.
J'espère que la TOM MOREL ne m'en voudra pas trop!

Pendant ce temps l'avion monte à 1200m et une couche nuageuse se glisse entre l'avion et le sol.
Je fais signe à Vally de se préparer. Je suis debout sur le siège appuyé sur son dos, en train de regarder dehors et de percer des trous en imaginant que lâ à priori c'est bon. J'aperçois fugitivement le pas de tir.
OK, Vally à toi. Il disparaît dans la couche. Je fais signe à Vidaud de me suivre à 5 secondes et j'y vais. On traverse les uages gris en ayant l'impression de se promener dans du coton comme dans un rêve. A la sortie, j'aperçois Vally voile ouverte. Quelques secondes après, je devine celle de Vidaud.
Le vent nous fait dériver très vite au-dessus du bois d'Antel, du stade de Gaulle (les petits cos doivent s'esclaffer), du stade Juin, de l'ancien PC du général Simon devant lequel nous montions la garde il y a 25 ans. On se pose sur l'ancien marchfeld et entre les bâtiments avoisinants.

Aidé par sa femme pour les parachutes, notre petit co Jamin Changeart - parrain de Vidaud - récupère l'équipe individu par individu. Eh oui, elle est un peu dispersée.

Cependant les deux promos se sont regroupées, au mieux vu la météo, la CAMERONE sur le marchfeld (ma pomme, Pernet, Thiriet (directeur de l'Instruction) qui devait se dire pourvu que cet abruti de Gastines ne casse pas mes éléves), la TOM MOREL (Jamin Changeard, Vally, Vidaud) à 500m sur l'allée séparant deux bâtiments.

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L'action est terminée. La CAMERONE et la TOM MOREL se sont réunies en chute quelques instants sous une immense couche nuageuse où se trouvaient certainement les esprits de leurs grands anciens en train de souffler au maximum pour faire se poser les deux promotions sur le Marchfeld, point de départ de leur vie, de leurs rêves et peut-être de leurs exploits.
Je suis même sûr qu'ils étaient pliés en deux de rire en disant "les anciens sont toujours aussi FO_Us".

En Juillet-Août 2024, si Vally et Vidaud passent dans le Morbihan près de Cléguer, qu'ils n'hésitent pas à se signaler par courriel (portable passe mal), nous pourrions nous retrouver à La Vielle Forge pour manger des crêpes.

 

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PS: Merci de donner remarques, idées ou le bonjour encliquant ci-dessous:

christian.degastines@orange.fr

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