1912 - MAROC - Casablanca, Marrakech - Souvenirs militaires
Inventaire donation au Musée de l'armée
Mis à jour le 22/07/2023

De Septembre 1912 à Novembre 1913, FDE commande les Troupes du Maroc Occidental sous les ordres de Lyautey. L'action des brigades Mangin et Guédon contre El-Hiba, la création de postes et des démonstrations de force stabilisent le Sud du pays en particulier la région de Marrakech.
En Août 1913, FDE fait venir sa femme et ses deux enfants à Casablanca puis au palais du pacha de Marrakech Thami El Glaoui (un des 4 grands caïds appuyant la politique de pacification de Lyautey dans le Sud avec ses harkas).

Photo
Mérite militaire chérifien - BD Décorations CDG/FDE

Photo
Traduction Firman - BD Textes 134301re CDG/FDE

Photo
Firman - BD Textes 134302re CDG/FDE

Photo
Grande Chancellerie LGH - Ordres Etrangers - BD Textes 134304re CDG/FDE

Photo
Lettre envoi du ministère de la Guerre - BD Textes 134303re CDG/FDE

Photo
Grand-Croix du Ouissam Alaouite - BD Décorations CDG/FDE

Photo
Bordereau Envoi - BD Textes 134401re CDG/FDE

Photo
Droits chancellerie chérifiens - BD Textes 134402re CDG/FDE

Photo
Autorisation de port - BD Textes 134403re CDG/FDE

Photo
Traduction Firman - BD Textes 134404re CDG/FDE

Photo
Firman - BD Textes 134405re CDG/FDE

Photo
Gde Chancellerie LGH - BD Textes 134406re CDG/FDE

Photo
Aquarelle de la décoration - BD Textes 134407re CDG/FDE

En Octobre 1913, il reçoit les décorations suivantes:
- Médaille militaire marocaine;
- Grand-Croix du Ouissam Alaouite.

Extrait des Mémoires de FDE

Photo
Carte vectorisée Maroc - BD Cartes CDG/FDE

 

FDE débarque à Mogador avec une force d'intervention (Tirailleurs, Zouaves, Chasseurs) pour secourir le poste de Dar-el-Cadi et disperser les bandes de El-Hiba et de Anflous

 

22 Décembre 1912 - Départ de Rabat à 7h. Arrivée à Casa à 10h45. Vu mon chef d'état-major; le commandant Girodon est un garçon parfait. Je regrette bien qu'il me demande avec insistance à rentrer dans la troupe. Comme c'est un sentiment que je partage, je ne peux l'en empêcher.
Je demande à le remplacer par le colonel Cherrier, qui était à Rennes le chef d'état-major de Lyautey et que celui-ci m'a recommandé. Dans la journée, ordre de concentration et de transport des troupes qui doivent venir à Mogador, car je tiens à réprimer sévèrement la trahison.

 

24 Décembre - Excellente traversée. Arrivée à Mogador à 9h après le passage de la barre sans difficulté.

Photo
Mogador - Débarquement des Tirailleurs à marée basse - BD Photos CDG/FDE 420602
Voir passage à Essaouira-Mogador du raid en autogire des Mousquetaires en 2019 (cliquez sur flèches vertes)

Je débarque à marée basse dans une chaise à porteurs; les autres officiers montent sur le dos de juifs dont c'est le métier; les chasseurs ôtent leurs brodequins et se mouillent les pieds.
Nous sommes reçu par le consul, M. Lebé, qui vient d'arriver. C'est un aimable homme sans grand caractère que j'ai connu il y a quelques années au Pirée. Sa femme, fort agréable, est la soeur de Marc; ce dernier, conseiller du gouvernement chérifien, l'a fait venir au Maroc. Il me donne des nouvelles: une lettre angoissante de Massoutier est arrivée hier soir.
Ce matin à 4h, Brulard est parti avec trois compagnies alpines, deux compagnies du 3e Tirailleurs, une compagnie du 4e Zouaves, un goum à cheval, un peloton de spahis sénégalais, 50 cavaliers Chiadma qui ont fui dès le premier coup de fusil, une section de mitrailleuses du 14e Chasseurs Alpins, la section de mitrailleuses du “Du Chayla”, trois sections de 65 de montagne.
On entend le son du canon vers le Sud.
Do-Hu et un autre aviateur, le sergent Peretti arrivent avec un avion et se mettent à ma disposition.

Je débarque la compagnie du “Friant” pour renforcer la garnison de Mogador un peu maigre, puis, répondant à l'invitation de Lebé, je vais déjeuner au consulat où je trouve mesdames Decherf et Faure, dont les maris sont cernés à Dar-el-Cadi. Soulagement; dans la soirée, nous apprenons les succès de Brulard qui est arrivé le 24 Décembre à 20h30 à Dar-el-Cadi entouré de nombreux cadavres. Massoutier a pu tenir grâce à une pluie bienfaisante qui l'a ravitaillé en eau qui lui manquait totalement.
Vingt tués dont deux officiers du 3e Tirailleurs, quatre blessés dont trois officiers: un lieutenant du 14e Chasseurs à pied blessé grièvement au ventre (perdu probablement), un lieutenant d'artillerie et un du 3eTirailleurs, le capitaine Nacica que j'ai reçu en 1892 comme tirailleur dans la compagnie que je commandais comme capitaine. Quinze corps ont dû être enterrés sur place. La troupe est très fatiguée.

 

25 Décembre - Repos à Mogador. Peu d'animaux dans les rues car beaucoup ont été tués. Journée consacrée au nettoyage des abords. Je m'installe avec mes officiers dans une belle maison construite par un docteur allemand, transformée par Mal-el-Aïnin en zaouïa et confisquée par le Maghzen. Nous sommes en bordure des remparts et y serons fort bien.
Au rez-de-chaussée, les magasins sont devenus des écuries. Le personnel subalterne loge au premier et nous occupons les étages qui dépassent le mur d'enceinte. Nous bénéficions ainsi d' une très belle vue sur l'océan et les îles qui forment le port et recevons directement la brise de mer.
Dans la soirée arrivée du “Turenne”, croiseur renforçant notre division navale. Il apporte la compagnie d'infanterie coloniale Raymon et une section de mitrailleuses coloniale.

Photo
Lieutenant Do-Hu (à D. de Domino, le cheval noir de d´Espèrey) devant deux avions Blériot XI - Porte fanion de d´Espèrey avec lance en bambou mâle du Tonkin - BD Photos CDG/FDE 3324

26 Décembre - Brulard m'annonce qu'il va rentrer par la plage. J'envoie Do-Hu et son avion reconnaître sa marche. Il revient pour me rendre compte qu'en raison de la présence d'arbres, il ne voit rien.
A 10h, je donne au commandant Simon le commandement d'une colonne de ravitaillement à destination de Dar-el-Cadi, comprenant les compagnies Devincet et Raymon, deux sections de mitrailleuses, une coloniale et une du “Friant”. De plus, le lieutenant Ferrion, officier de détails des Zouaves, qui a réuni en une forte section tous les employés laissés en arrière par les compagnies se joint à cette colonne.
La ville sera gardée par les compagnies de débarquement des marins qui sont enchantés; une ambulance a été préparée dans l'école israélite pour laquelle chacun a fourni du matériel de couchage. Les femmes juives passent leur temps à tailler et à coudre des chemises pour les blessés.

Tous les animaux de bât de la ville ont été réquisitionnés. Même le consul allemand a fourni ses mulets et les juifs leurs bourricots. J'emporte 50 litières, 500 litres de vin, 2.000 rations de pain frais, du sucre et du café. C'est ce qui fera le plus plaisir à des gens qui en sont privés depuis plusieurs jours.
J'accompagne la colonne; à partir de Diabet où nous traversons l'oued Ksob, nous suivons le bord de la mer. Le “Du Chayla” au Sud du cap Sim, le “Friant” au Nord, nous flanquent et sont prêts à nous appuyer par leur artillerie légère. Ferriol et sa section à la deuxième halte horaire s'installent en repli sur une dune propice. A 12h1/4, j'apprends par la T.S.F. du “Du Chayla” que la colonne Brulard arrive à l'oued Tidzi. Je rentre au galop prévenir Lyautey et Paris. La jonction des deux colonnes a lieu à Sidi Kaoki à 16h. Le “Friant” m'en rend compte par T.S.F.

Mogador est une ville très curieuse. Elle a été bâtie de toutes pièces au milieu du XVIIIe siècle par l'architecte français Cornut sur l'ordre d'un sultan qui avait condamné Agadir. La ville est très régulière avec des rues à angle droit, une enceinte crénelée avec trois portes : la Mer, Marrakech, Safi.
Au milieu se trouvent la place et la Kessaria .

 

FDE fait venir sa famille au Maroc du 13 Août au 18 Septembre 1913

12 Mai 1913 - En auto de Petitjean à Meknès. Reçu par Dalbiez qui termine ses deux ans de séjour et qui ne désire pas prolonger. Il ne me cache pas que Lyautey a fait venir Henrys d'Algérie pour le remplacer : il en a un peu d'amertume.

Photo
Fantasia - BD Photos CDG/FDE 4207

En l'honneur de la Pentecôte, dans les jardins du sultan Moulay Ismaïl, grande fantasia et courses. Je vais ensuite visiter l'hôpital qui a besoin d'être plus confortable. Il est toujours dans le palais arabe où il a été placé lors de l'occupation de la ville. Mais c'est la première construction à commencer sans retard.
Vu le commandant d'Olonnes qui se remet.

Photo
Cinq moukalas marocains (achetés à Meknès ?) - BD Souvenirs CDG/FDE 113804

Photo
Détails crosses et platines de 2 des 6 Moukalas ramenés du Maroc - BD Souvenirs CDG/FDE 4207
Voir Fusils du Maroc

 

13 Août - Arrivée le matin à Casablanca . Débarquement sans difficullté. Nous nous casons tous dans ma baraque. Mes enfants sont enchantés du petit jardin que je ne fréquentais guère; ils y découvrent des tortues que la chaleur a réveillées. Le lieutenant Gérard de mon cabinet leur apporte un caméléon.
Tout est bien calme pendant cette deuxième quinzaine d'Août. Quelques rôdeurs viennent tirer sur nos postes; quelques fils télégraphiques sont coupés et c'est tout.
Aussi, ma famille jouit-elle bien de son séjour au Maroc car la brise atlantique tempère la chaleur estivale.
Répondant à l'invitation de Lyautey, nous partons tous passer quelques jours à Rabat. Voyage dans le wagon salon. Madame Lyautey est absente; Lyautey très aimablement vient nous attendre à la gare et nous loge dans les annexes de la résidence. Sa table sera la nôtre pendant notre séjour.

 

27 Août - Déjeuner chez nos cousins Théry, vraiment pas mal installés dans une maison en bois. Quand la chaleur est tombée, visite de la casbah des Oudaya .
Le lendemain dans la matinée, traversée du Bou Regreg et visite de Salé. Le soir dîner chez les Blondlat.

 

Photo
Cadenas (fermeture des deux battants d'une porte ouvrant sur le harem de La Bahia ?) - BD Souvenirs CDG/FDE 110904

29 et 30 Août - Visite de Rabat, conduits par Flye-Sainte-Marie qui en connait tous les détours. Pendant notre séjour, il n'est pas d'attentions que n'a Lyautey pour ma femme et mes enfants.
Retour à Casa par le train le 30. Lyautey pendant notre séjour a été aux petits soins. Il m'a fortement engagé à conduire ma famille à Marrakech et donne des ordres pour que le palais résidentiel de La Bahia soit à notre disposition.

En attendant, je profite de ces quelques jours à Casablanca pour recevoir tous les ménages; à la nuit, l'éclairage de la pleine lune, me permet de leur présenter, devant ma baraque, les danses plus ou moins originales de femmes de tirailleurs sénégalais. Tout est calme au Maroc; pas de grosses colonnes, quelques rodeurs. Les seuls mouvements de troupe sont ceux destinés à l'escorte du Sultan qui se concentre à Marrakech. Lyautey lui a exprimé le désir de le voir à Rabat pour recevoir le flot des parlementaires qui ont annoncé leur visite dès que les chaleurs seront terminées.
Le résident général va passer quelques temps en France ainsi que Saint-Aulaire.

 

5 Septembre - Je pars pour Marrakech avec ma famille; j'emmène Neigel, mon interprète, avec sa femme et ses enfants qui seront précieux pour pénétrer dans les intérieurs indigènes.
Voyage sans incident en deux autos. Déjeuner à Mechra ben Abbou. Arrivée à MarrakechBrulard a tout fait préparer à La Bahia.

Photo
Tapis de prière (brodé par une femme du harem du palais de La Bahia ?) - BD Souvenirs CDG/FDE 114401

Ma femme et Jacqueline, ma fille, sont dans l'appartement réservée à la favorite; avec mon fils Louis, nous sommes de l'autre côté de la courette, dans des chambres hautes moins luxueuses mais plus aérées.
Le palais résidentiel est énorme, mais bâti sans plan d'ensemble; il comprend des jardins, des cours, des habitations, de quoi loger tout un monde. J'en profite pour recevoir la garnison que je connais peu. Ma famille, accompagnée de la partie féminine des Neigel va voir les harems.
Le jeune Neigel, qui n'a pas encore l'âge canonique sert d'interprète; visites heureuses chez Madani-Glaoui , chez El-Ayadi, chez le pacha El Hadj Thami Glaoui qui est en France. Partout aimable réception, thé, gâteaux et ce qui me plaît moins, dons de bijoux. Du reste, il n'en restera rien; tout sera pris à Lille par les boches.
Le Madani est le chef de la maison Glaoui, grand vizir de Moulay-Hafid dont il a facilité l'accès au pouvoir ; il paraît maintenant rallier franchement à Moulay Youssef. Sur les conseils de Brulard et de Neigel, j'accepte son invitation d'aller à déjeuner chez lui dans sa casbah de Tazert, à 70 kilomètres de Marrakech dans un repli du Grand Atlas.

Photo
Cne Neigel (interprète), FDE, Sid Abd El Kader Cherkaoui en djellaba (brune ou noire) tient la bride de son cheval - BD Photos CDG/FDE 1656

Photo
Djellaba (pour se protéger du sable en galopant comme Cherkaoui ?) - BD Souvenirs CDG/FDE 113703

Neigel avec Louis mon fils, partent la veille pour tout préparer ; ils arriveront dans une casbah tout à fait indigène. Le lendemain avec ma femme et ma fille, nous y allons en auto très facilement, la route est bonne en suivant le pied de l'Atlas. Tazert commande l'entrée du col occupé par les Glaoua. Ce séjour en plein pays arabe intéresse beaucoup les miens.

Tout est calme, toujours quelques vols de troupeaux. Le sultan continue son voyage sans problème; il y a longtemps que les tribus où il passe ont été soumises par le Maghzen. Les Berbères de la montagne voudraient bien faire pâturer leurs troupeaux dans la plaine pendant l'hiver qui approche. Le fils aîné du Zaïani m'a envoyé une peau de panthère par l'intermédiaire du marabout de Boujad : c'est symptomatique.

____________________

PS: Merci de donner remarques, idées ou le bonjour encliquant ci-dessous:

christian.degastines@orange.fr

Retour à SOMMAIRE