TALES FOR BEGINNERS
Extraits à lire sur Google books
Lcl Edgecombe (ER) conseiller Instruction / Army Air Corps / Middle Wallop

Traduction donnée en 1989 par Cel Chef du Gpt Aéroporté STAT Toulouse suite essais MELUSINE au CETEA avec SMPS
Ajout de liens et photos WWW par CDG en Juin 2024 pour le plaisir de retrouver la mémoire des hommes et des lieux dans le ciel bleu


Mis à jour le 24/06/2024

 

Autrefois dans les années 1960, peut-être avant votre naissance, ô bien-aimé lecteur, l'aérodrome de Middle Wallop est La Mecque de tout Anglais ayant de brillantes idées, de grandes espérances et une machine volante construite de ses mains qu'il désire vendre pour le plus grand bien du royaume.


2011 - Aérodrome de Middle Wallop

Sans vouloir dénigrer le matériel en service, l'Army en est encore à l'état d'esprit du ballon. Elle cherche toujours à regarder au-dessus de la crête d'en face et est prête à tout essayer.

 

1 - Aile delta gonflable Dumbo

Le pseudonyme de cette aile en caoutchouc est DUREX DELTA comme la marque bien connue de préservatifs.
L'appareil a à peu près les mêmes caractéristiques de vol que son fameux homonyme, lent à se lever et limité en tout, excepté en ce qui concerne la conscience de la sécurité ou de la forfanterie.


29 Juillet 1969 - Dumbo - Photo RA Scholefield

Il consiste en une aile gonflable en caoutchouc, en forme de delta, à laquelle est suspendue un panier à linge vieillot de section carrée monté sur trois roues dont une est directrice. La traction vers l'avant se fait non par une machine à vapeur mais par un petit moteur de moto attaché à l'arrière du panier en mode propulsif.

Il est commandé par un bout de manche à balai ou par un trapèze suspendu par le haut, en face du pilote, qui doit agir en sens opposé du sens aéronautique habituel: pousser pour monter, tirer pour descendre.

Un axe de manivelle ressemblant à celui d'un pédalier de voiture d'enfant, actionné par le moteur, agit sur une paire de soufflets latéraux fixés sur l'avant de l'aile afin de garder l'aile gonflée. La machine avec ses soufflets roses s'ouvrant et se fermant sur l'aile argentée pour conserver une pression fonction de l'altitude donne l'impression d'un poisson dans un étang en train de respirer de grandes bouffées d'air. En position de stockage, l'aile est dégonflée, repliée dans le panier à linge et le chariot tricycle se gare facilement au fond du hangar.

Difficile de trouver quelqu'un qui ressemble moins à un pilote que le type qui a été choisi pour essayer la machine. C'est un cavalier du 11e Hussard, grand, élégant, racé, de bonnes manières avec un penchant pour les chevaux et pour les pantalons couleur cerise. D'ailleurs ce sont peut-être ses dons pour la course d'obstacle qui ont influencé le décideur.

Il fait voler l'engin avec toute la verve et l'impétuosité possible. Curieusement, il arrive à ne pas le crasher bienque toute la longueur de la piste lui soit nécessaire pour décoller; il fait même voler à cinq mètres du sol ce torchon volant à la maniabilité incertaine.
Parlant couramment le turc, pour varier les plaisirs, il continuera sa carrière comme attaché militaire à Khartoum avec la bénédiction de la Direction du Personnel de l'Army.

A l'époque, l'école de formation des pilotes Army est installée dans des baraquements préfabriqués SECO au Sud de la colline sur laquelle se trouve l'aérodrome avec ses trois pistes; elle est à côté du bout de la piste orientée cap au 190° (runway 19).


Années 1960 - Middle Wallop - Auster - Poser par décrochage en mode 3 points
Bâtiment préfabriqué SECO en arrière plan

Les ennuyeuses études théoriques sur la photographie et sur la météorologie sont interrompues de temps en temps agréablement par la vue d'élèves en train d'essayer de poser leur Auster en mode trois points sur la surface peinte de la piste correspondant à la roulette de queue et aux deux roues des jambes du train avant.

Si vous lui faites signe, le véhicule de dépannage qui vient pour récupérer les débris peut également vous embarquer pour revenir à l'entrée du terrain en haut de la colline.

Cependant, tout cet environnement exceptionnel, nous laisse dans l'ignorance du premier vol de DUREX DELTA pour cause de secret militaire. Le seul signe inattendu que quelque chose d'inhabituel se prépare est un bruit éloigné ressemblant à celui d'une bâche qu'on déchire de façon continue. Nos yeux glauques d'ennui se dirigent ves les fenêtres pour voir ce qui arrive.

Le volume du bruit augmente graduellement. Bientôt, la source de ce dernier apparaît; une forme extraordinaire descend lentement dans notre direction. Au début nous pensons que c'est une plaisanterie; une aile delta gonflée oscille avec des joues oranges qui respirent au-dessus d'un panier cahotant. Le truc avance sur la piste en se dandinant lentement et d'une façon mal assurée. A notre grand étonnement, il prend l'air et monte à environ deux mètres du sol.

Notre cours s'arrête; nous sommes tous aux fenêtres et applaudissons le monstre. Puis nous prenons conscience qu'il peut ne pas réussir à passer la SECO; nous hésitons à nous allonger tous sur le sol à cause des chiffons crayeux et des copeaux de crayon.


2013 - Danebury Iron Age Hillfort

Heureusement, le cavalier-pilote tire sur ses rennes et le truc accepte de monter. Il conserve à main gauche la colline de Danebury - un tumulus de l'âge de fer bien visible - pour faire tranquillement son tour de piste et revenir se poser avec le sentiment d'un essai bien mené et riche en enseignements à noter.

C'est la seule fois que nous voyons voler DUREX DELTA.

 

2 - Autogire

Le concurrent le plus opérationnel de notre aile gonflable secrète est l'autogire Wallis Bensen.


Ken Wallis aux commandes de son autogire Bensen

C'est un vélocipède monoplace à trois roues avec moteur propulsif et un rotor tournant librement dans le vent relatif du déplacement. Il a été porté spectaculairement aux nues par le film You only live twice de James Bond; piloté par son constructeur Ken Wallis, il y apparaît armé avec beaucoup plus de quincaillerie que sur un Harrier.


Années 1960 - Middle Wallop - Présentation des 3 autogires Bensen

Abusée par son coût assez bas et consciente des différentes utlisations possibles allant de l'observation aérienne aux estafettes aéroportées, l'armée de terre s'en procure trois exemplaires pour évaluation. L'idée est de voir si des novices complets peuvent apprendre à les piloter avec un minimum d'entraînement. Il est décidé de les essayer d'abord avec des pilotes hélicoptère, puis avec des pilotes avion et enfin avec des débutants complets. Ils sont sélectionnés plus pour leur nature calme, leur petite taille et leur faible poids que pour leur compétence particulière.

Comme ils sont à l'air libre, ils endossent toutes les pièces possibles d'habillement qu'ils peuvent trouver afin de ne pas geler sur leur siège; ils couronnent le tout avec un vieux cache-nez et des lunettes type BIGGLES. Ce sont des bibendum de chez Michelin qui rendent compte de la mission reçue.

Malheureusement ou peut-être heureusement, ce processus de sélection - hélico, avion, à pied - est retenu. Toute la flotte est détruite en peu de temps.
Il est possible que le résultat aurait été meilleur en commençant par les moins expérimentés plus attentifs aux consignes reçues puis en continuant avec ceux plus en capacité de faire évoluer l'aéronef.

Comme d'habitude, c'est la loi de l'emmerdement maximum qui s'applique faute d'une étude détaillée de la formation. Comment instruire sur le sujet autogire quand il n'y a ni pilote qualifié, ni manuel de vol, ni radio sur le monoplace utilisé?
Solution trouvée:
- en salle d'instruction, l'instructeur explique aux élèves les notes de vol prises par un pilote intrépide;
- sur la piste, au roulage avec le rotor enlevé, l'instructeur pédale en communiquant au pilote par mégaphone ses diectives;
- premiers envols de l'élève qui fait une série de petits bonds en l'air pour rejoindre en bout de piste son intructeur non athlète afin de lui dire j'ai ressenti dans les fesses la sensation des choses;
- premier solo dans la foulée si l'instructeur est impatient de voir voler son élève pour passer au suivant avec le plaisir de la découverte.

La carrière militaire de l'autogire est météorique et s'achève en douceur avec toute la flottille dans une poubelle, comme dans la chanson enfantine pour apprendre à compter TEN GREEN BOTTLE.

Son zénith est atteint quand un pilote plus aventureux que les autres, affectionneusement surnommé MANGLE-TOES (Pied massacreur à cause de ses nombreuses casses), avec certainement plus d'audace que de raison, essaye de voir à quelle altitude il peut monter.
Après avoir atteint l'altitude frigorifiante de 10 000 feet (3 330m), en équilibre précaire sur son chariot, tenant délicatement son manche du bout des doigts tout en n'osant pas regarder en bas, il rencontre de manière un peu trop proche et certainement très stressante un avion de ligne.
L'appel radio à LONDON AIR TRAFFIC CENTER fait presque condamner le commandant de bord à rester au sol à vie - Londres, pouvez-vous me conseiller? Il y a un lutin faisant du vélo à l'extérieur du cockpit qui me fait bonjour avec son bras.

Peu de temps après, ce même pilote drogué par son propre talent fait une démonstration de vol sur la piste de BULFORD CAMP (12km dans le 295° de Middle Wallop) en oubliant qu'un autogire a besoin, plus encore qu'un hélicoptère, d'un certain flux d'air pour alimenter son rotor.


Genoux pour préserver un magnifique rotor en bois

Exécutant un éblouissant virage pour se positionner face au vent en se posant, il se retrouve à sa grande surprise sur l'herbe humide, face aux spectateurs admiratifs, avec son rotor posé sur les genoux.
Le rotor privé de vent relatif s'arrête; conséquence, un atterrissage vertical avec l'articulation en battement du rotor manifestant sa réprobation en cédant à la demande du magnifique rotor en bois de le laisser se poser sur les genoux du pilote pour amortir sa chute.
ô bien aimé lecteur, retenez toujours que la vitesse air et la vitesse sol ne sont pas nécessairemnt synonymes.

L'autre pilote, un type un peu squelettique, appelé fort à propos DEM BONES, se retrouve un jour dans une situtation qui n'est pas meilleure. En branche vent arrière, son moteur se grippe. Il vole vers le bas comme un corbeau blessé et se laisse tomber dans un champ en cours de labour par un estimable cultivateur local.
Jamais il n'a été un maître du posé en autorotation; il rebondit donc plusieurs fois puis se retourne la tête en bas. En équilibre la tête dans la boue, les pieds en l'air et la machine fermement sanglée à lui, il lutte désespérement pour se débarasser de son engin qui laisse fuir le carburant sur lui devant le moteur rouge de chaleur.

Le laboureur passe une fois puis une autre avant que DEM BONES arrive à s'extraire des débris pour se mette à le courser rouge de colère.
Finalement, il le rattrape et le contraint à une halte forcée, se tenant face à lui. Image même de l'indignation, doigts tendus, paumes de la main vers le ciel, se tournant bras dépliés en direction du petit tas de tube fumant, il lui demande: Pourquoi ne vous êtes vous pas arrêté pour m'aider? J'aurai pu être brûlé et y perdre la vie!.

Réponse de l'estimable cultivateur allumant sa pipe au milieu des vapeurs odulantes d'essence: Aviez-vous un problème? Je pensais que vous vous entraîniez!

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PS: Merci de donner remarques, idées ou le bonjour encliquant ci-dessous:

christian.degastines@orange.fr

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